Une mission inventée : "Driver Ascain" à Saint Laurent sur Mer



  • Ce que l'on peut lire, entendre...
Dans le cadre du plan nommé SUSSEX / PROUST, une opération de parachutage aurait été réalisée via la mission Driver / Ascain à Saint Laurent sur Mer dans la nuit du 5 au 6 juin 1944. Cela est répété, écrit avec insistance et même... "honoré" à Saint Laurent sur Mer  dans la (fausse)  "maison de la libération" qui a  créé une plaque souvenir en juin 2019.

Stéle  créée en juin 2019 à la pseudo maison de la libération
qui indique que... la mission Driver Ascain s'est déroulée à St Laurent /Mer le 6 juin !

Cette mission  (parachutage à Saint Laurent  dans la nuit du 5/6 juin) n' a pas existé, c'est une invention farfelue car les archives "historiques" démontrent le contraire. L'invention est purement imaginaire et extrapolée à partir de quelques témoignages farfelus et très incomplets d'adolescents, aujourd'hui décédés, qui se révèlent ambigus ;  les archives  historiques (voir ci-dessous) évoquent  seulement  un débarquement à Grandcamp... fin juin 1944 d'hommes  de la mission Driver/Ascain.

Pourtant, pour certains cette mission à Saint Laurent  est décrite comme certaine sans aucune restriction.

Qu'en est-il exactement ?




  • Une mission dans le cadre du Plan Sussex/Proust

Avant d'essayer de tenter d'évoquer cette pseudo mission, il faut comprendre ce qu'était le "Plan Sussex" pour lequel nous disposons d'informations fiables.
    • Plan Sussex
Le Plan Sussex est une opération ultra-secrète américano-franco-britannique, d'infiltration d'envergure sur le territoire français, alors sous occupation allemande durant la Seconde Guerre mondiale, mise au point en mars 1943 par l'état-major du général Eisenhower (SHAEF).

En 1943, les grands réseaux de renseignement accusent des pertes importantes du fait des coups portés par la Gestapo et l'Abwehr. En raison des infiltrations et trahisons possibles, l'état-major du général Eisenhower (SHAEF) demande au général de Gaulle de lui détacher une centaine de Français hautement sélectionnés. Eux seuls seraient en mesure de se fondre au sein de la population et de pouvoir renseigner l'EM interallié sur les mouvements de troupes ennemies juste en arrière du front. Ainsi, le plan Sussex est né et il a largement contribué à la réussite de l'opération Overlord, nom de code du débarquement en Normandie. 


Afin d'accomplir cette mission, 120 volontaires hautement choisis, exclusivement français, sont soumis à un entraînement intensif durant de longs mois et formés à la technique du renseignement militaire par les services britanniques (Intelligence Service) et américains (OSS).

La formation était très complète et comprenait :

-Une activité physique très soutenue, encadrée par des sous officiers des commandos britanniques et des Marines de l'armée américaine.
- Des cours de boxe.
- Des cours de close combat tous les matins en cas d'agressions, mais surtout dans le but d'apprendre à tuer en toute discrétion et sans armes, en brisant les vertèbres cervicales.
- Des cours de connaissances du matériel ennemi.
- Des cours de pilotage de camions, de cars et de motos en plus des voitures.
- Des cours de sabotage, avec manipulation d'explosifs et de grenades.
- Des cours de typographie et d'orientation.
- Des cours de cryptage et de décryptage des messages, surtout pour les opérateurs radio.
- Des cours radios.
-Une formation de parachutiste d'une semaine dans la célèbre école britannique des troupes aéroportées de Ringway, prêt de Manchester.


Ces agents, envoyés en tenue civile, durent se fondre dans la masse. Ils eurent pour objectifs de renseigner les alliés pendant et après le débarquement sur l'ordre de bataille et les mouvements de troupes de l’armée Allemande, en particulier de ses divisions « Panzer », ainsi que sur ses dépôts d'armes, de carburant et ses installations de missiles V1 et V2. Grâce aux informations transmises, les alliés ont pu prendre les bonnes décisions et intervenir efficacement, notamment en attaquant des convois et en positionnant leurs troupes et matériels à des endroits tactiques.

De février à septembre 1944, 2 équipes d'éclaireurs et 52 équipes Sussex ont été parachutées en zone occupée. Le travail des agents spéciaux fut difficile, en raison de la traque de la Gestapo, mais les informations qu'ils ont transmis ont été déterminantes pour la réussite des opérations Neptune et  Overlord.

    • Plan Proust
Ce plan, pensé en janvier 1944 pour compléter le Plan Sussex déjà opérationnel, a servi comme réserve d'agents pour des missions qui ne pouvaient être réalisées par des volontaires de Sussex, l'OSS ayant souhaité réunir au sein d'une même opération le surplus d'agents Sussex et les volontaires du BCRA d’Afrique du Nord.
Proust connaît des difficultés pour ses débuts du fait  de la réunion de  recrues d'origines différentes m ais les choses s'améliorent ensuite.  
Les agents spéciaux Proust, envoyés en France après le débarquement, réaliseront le même genre de mission que les agents Sussex, beaucoup accompagneront  les 3e et 7e armée US pour les aider dans leurs opérations.





  • L'invention : un commando allié dans le village de St-Laurent-sur-Mer, dans la nuit du 5 au 6 juin 1944  ?: 
Des élèments parcellaires uniquement liés à de rares témoignages et en totale contradiction avec les archives
==> Attention tout ce qui suit est supputé et n'a aucun fondement historique
    • Quelles sources ?...
Bien entendu, cette action aurait été occultée pendant de nombreuses années. Ce n'est que récemment qu' Y Cordelle (non historien) a établi un dossier qui confronte diverses sources d'informations pour  réunir quelques données.
Mais de nombreux éléments essentiels sont incertains et/ou manquent, notamment :
-Des témoignages flous d'habitants, aujourd'hui décédés, ayant eu diverses interprétations fantaisistes dans le passé. ("je crois, je ne sais pas ")
- Aucun témoignage personnel des participants (liés par un engagement commun de ne rien divulguer, engagement tenu jusqu'à leur décès ? ce qui est invraisemblable )
- Absence dans les archives publiées, de toute indication sur les objectifs précis de l'action et de tout compte-rendu d'exécution.


document dont la source est inconnue (site et annotations d' Y Cordelle ?)

    • Témoignage de Edmond Scelles
Adolescent de 16 ans en 1944, qui habitait avec ses parents la ferme du Prieuré, à côté de l'église de St-Laurent sur Mer. Il a raconté dans un très long interview ses journées des 6 et 7 juin 1944, toutefois il faut bien noter qu'il s'agit de suppositions du témoin !

".....Mais par contre à 05h00, le 6 juin, la canonnade a commencé. Mais, on ne savait pas que c'était le débarquement. Comme il y avait eu un coup de main en 42, on s'est dit que c'était peut-être un coup de main qu'ils faisaient en bas. On ne savait pas. Ça canardait en bas de la falaise, tout le long.
"Là, on s'est levé car çà canardait tellement fort. Mes parents voulaient voir.
"Vers 07h00, on est parti voir à l'étable les vaches pour les traire. Il y avait déjà eu des parachutistes américains: les fils du téléphone allemand qui passaient sous terre étaient coupés, je suis formel, je l'ai vu. Il y avait une petite tranchée qui avait été faite, et puis ils étaient coupés. Le câble était gros, il y avait un petit câble et un gros câble. Ils étaient coupés. Donc, il y avait eu une infiltration d'Américains. Je suppose dans la nuit, ou sur le matin, je ne peux pas dire. Moi, je m'en suis aperçu quand il était 7 heures. Ensuite, on est rentré à la ferme, çà canardait toujours en bas, il n'y avait rien dans l'intérieur. Les Allemands, on les voyait pas car ils étaient planqués.
"Il y avait un Allemand qui était resté, car il gardait la ferme, je lui ai dit: " qu'est ce que c'est? " Il m'a dit " non, les grandes manœuvres, les Tommies, les Tommies! " Par le jardin, on voyait très bien la mer, j'ai été voir avec lui. Après, j'ai appelé ma mère, c'est là qu'on a vu qu'il y avait tous ces bateaux sur la mer.
"Il n'y avait plus qu'à attendre."


 
Une autre fois, lorsqu'il raconte à nouveau cela, il ajoute: 

" Y'avait eu des infiltrations d'américains ? Peut -être quelques uns de parachutés auprès de la rivière l'Aure, je crois, je ne sais pas . »
    • Témoignage d'Albert André
Un autre témoignage bien connu lui aussi dans le village, est celui d'Albert André, adolescent, qui habitait une maison du bourg, à environ 300 mètres sur la route conduisant vers Colleville et Port-en-Bessin.
Il a raconté comment il a vu en pleine nuit du 5 au 6 juin, plusieurs hommes armés, placés en embuscade, tuer silencieusement à l'arme blanche, les quelques soldats allemands qui logeaient chez lui et qui sortaient de la maison un par un, équipés et armés. (de plus nous ne trouvons pas le texte exact du témoignage)

[Aucune confirmation de cet acte par ailleurs !]
Remarque: Le 6 juin 44, vers 1 ou 2h du matin, le PC de la 352ème division allemande (au Molay-Littry), ayant appris les premiers parachutages au sud de Carentan et au delà de Caen, a fait mettre en alerte générale toutes ses unités réparties entre Grandcamp et Arromanches. En particulier toutes les unités côtières ont reçu l'ordre de rejoindre immédiatement leurs postes de combat. Cette procédure était bien connue des troupes allemandes par les alertes précédentes et les exercices pratiqués fréquemment.
    • Autres témoignages
Gaston Dupont, aurait lui aussi rencontré quelques hommes inconnus et armés au milieu de la nuit et leur aurait servi un café.(?)
L'abbé Prempain, curé de la paroisse de St-Laurent à l'époque, a fait l'objet d'un entrefilet dans une publication locale mais ce texte manque de clarté : on ne sait de qui il s'agit : "une troupe étrangère"



    • Du rôle de la résistance ? la dernière invention !...

Encore des inventions, voici  ce qu'écrit la presse d'après les propos de  S Olard...:



Le rôle d'un groupe de résistants français qui aurait été présent sur place à Saint-Laurent sur Mer le 6 juin 1944 est aujourd'hui évoqué par certaines personnes (non historiens) et sans sources.
Après la mort des derniers participants français de la mission Ascain driver, qui avaient gardé le silence, certaines familles auraient révélé (qui ?...comment? sources ?) ce qu'elles savaient, au moins partiellement, notamment l'existence d'un parachutage nocturne à St-Laurent dans la nuit précédent le débarquement sur Omaha Beach.
Un parachutage précis dans la nuit ne pouvait se faire sans une équipe de réception locale capable de baliser une DZ ou dropping zone (zone de largage des parachutistes) à choisir dans un secteur isolé des positions allemandes et proche de l'objectif.
Et donc, ce serait un groupe de résistance local (Réseau "Alliance") qui aurait fourni cette assistance ; localement, il s'agit du groupe de Trévières/ Vierville/St-Laurent composé de Désiré Lemière, Robert Boulard, Charles Olard (tous trois postiers), Lucien Olard (garagiste à Vierville), Albert Anne (forgeron à Asnières), et quelques autres.


Le réseau Alliance, comme la plupart des réseaux de résistance a été durement touché par la répression : les agents de ce groupe ont été arrêtés par les Allemands du contre-espionnage le 5 mai 1944, localement tous (sauf un) ont été fusillés par les allemands à la prison de Caen le matin du 6 juin 1944). Il est donc impossible de croire que ce groupe (Qui ?) soit toujours capable d'assurer, vers minuit le soir du 5 juin, la réception du commando de parachutistes sur une DZ située au sud de la vallée du Ruquet.

La trace de leur passage serait marquée par la pseudo embuscade à l'arme blanche évoquée par Albert André près de sa maison. Des hommes en armes auraient été vus par un autre habitant de St-Laurent, Gaston Dupont. Enfin à 7h du matin, Edmond Scelles a remarqué que le câble téléphonique allemand enterré près de sa maison "Le Prieuré" avait été sectionné dans la nuit, mais sans savoir par qui.

Donc, un des objectifs de la mission Ascain aurait pu être de sectionner ce câble qui reliait les WN fortifiés 64 et 65 défendant la plage du Ruquet, au WN 69, Kommandantur de St-Laurent et PC de toutes les unités (2 compagnies d'infanterie et un groupe de lance-fusées Nebel Werfer) défendant la zone de St-Laurent / Les Moulins (WN 66, 67, 68).
Ce câble était bien visible en blanc sur les photos aériennes des avions Alliés, depuis qu'il avait été enterré quelques mois auparavant, l'herbe n'ayant pas encore repoussé. Les renseignements locaux du réseau Alliance auraient pu montrer  le  repérage et l'intérêt de sectionner cet important câble lorsqu'il franchissait le ravin profond entre l'église et la ferme du Prieuré. Cela aurait pu probablement inciter l'OSS à tenter cette mission de harcèlement pour désorganiser la défense allemande. Mais rien ne l'indique !

Ce témoignages flous, incertains, parcellaires et difficiles à relier entre eux, d'adolescents demeurent davantage liés à des suppositions ou à une imagination débordante et fantaisiste... aucune corrobation n'existe. Cela est bien révélateur de la fragilité dans l'utilisation de témoignages.

De plus , comment croire qu'un commando aurait ainsi agi en pleine nuit, à 1 km de la plage où à l'aube allaient débarquer des milliers de soldats américains. Cela semble trop extraordinaire !

Il est strictement impossible de croire à cette action, d'ailleurs la neutralisation des WN du Ruquet a été particulièrement difficile à réaliser et la section de câbles n'a joué aucun rôle.
Dans tous les cas, la Mission Driver/Asain n'a jamais rien réalisé à Saint Laurent sur mer : toutes les archives le montrent sans ambiguïté.

Dons se méfier... en effet "On" raconte aussi la prétendue existence d'une autre mission de ce genre qui aurait été menée à Vierville au même moment, avec des soldats américains habillés en uniformes allemands, mission restée aussi secrète que celle de St-Laurent.


  • La mission Driver / Ascain d'après les connaissances et  recherches actuelles basées sur des archives historiques
La recherche dans les archives des USA (OSS) et du BCRA français a fait apparaître une liste assez complète des opérations menées en France occupée en 1944, pour la préparation du Débarquement, par les services secrets américains (OSS - Office of Strategic Service - et son bureau londonien), avec la collaboration du service français BCRA (Bureau Central de Recherche et d'Action) à Londres).

Ainsi dans le cadre de ce plan nommé SUSSEX / PROUST, une mission Driver / Ascain, est  décrite dans diverses archives, ce qui démontre  qu'une  opération ce nom existe réellement. Cette mission n'est pas particulièrement détaillée car c'est une opération  utile mais "ordinaire".


La mission « DRIVER ASCAIN », première mission d'infiltration d'agents dans les lignes ennemies, a bien employé des agents formés à l’école Proust, mais ne peut pas être considérée comme faisant partie des Plans Proust et Sussex.

Les archives indiquent qu'elle s'est déroulée bien après le débarquement du 6 Juin 1944 :
 
 le 19 juin (départ)  et  22 juin 1944 (arrivée),  suite à un débarquement à Grandcamp

Tous les élèments  fournis ci-dessous sont des extraits  exclusivement issus d'archives historiques, en particulier:
Format PDF
-reconstitution de l’historique des in(ex)filtrations d’agents en France de 1940 à 1945 (de Pierre Tillet) 
-Nara-Roll 04 Target8- Proust
-Proust-Driver-Roll 04 -Target 8

Web : Sources complémentaires
-http://www.plan-sussex-1944.net/francais/macro.htm
https://www.mmpark.fr/index.php
http://www.plan-sussex-1944.net/francais/pdf/infiltrations_en_france.pdf
http://www.francaislibres.net/liste/fiche.php?index=72371


    • Décision: 
      -l’ordre de mission initial a été signé par le général Koenig date du 12 juin et confirmée le
      17 juin 1944


Source : Nara-Roll 04 Target8- Proust


    • Nom de la missionLe Rapport NARA - Roll 04 -Target8 qui ne mentionne pas le nom ASCAIN comme mission Proust mais ne cite que le nom DRIVER comme mission Lame-duck (Canard boiteux) nécessitant ni parachutage, ni opérateur radio.

    • Lieu: les archives  indiquent bien un débarquement à Grandcamp

Source :  Rapport Contet


    • Date
Les indications divergent (autour du 20 juin) car elles dépendent de  ce que l'on veut préciser (départ, ariivée, début de mission...):
      • Les 11 agents  ont embarqué à Southampton le 19/06/1944




      • Les 11 agents  ont débarqué à Grandcamp le 22 juin 1944

Le débarquement  à Grandcamp (Calvados) le 22/06/1944 s'explique  en raison  du mauvais temps dans la Manche (tempête  de Nord Est du 19 au 20 Juin avec des vents jusqu'à force 7 qui détruit le port d'Omaha). 

    • Les agents ont rejoint le Lt Col Kenneth T Downs du VII Corps (OSS/G2 de la 1ière Armée US) le 23 juin 1944

Remarque: entre le 12 et le 22 juin, toute la zone entre Grandcamp et St-Laurent était déjà entièrement
 entre les mains des Américains qui avaient dépassé Trévières et Isigny. L'intérêt d'une telle mission dans cette zone et à ce moment est de réaliser des "infiltrations" ce qui  représente les objectifs fondamentaux de ce type de mission.



    • Participants:
12 agents français parachutés, tous officiers ou sous-officiers détachés auprès de l'OSS/G2 de la 1ère Armée US, dont les noms suivent:


source : http://www.plan-sussex-1944.net/francais/pdf/infiltrations_en_france.pdf



Chef de mission
Capitaine Roger GUATTARY, alias Basco (Fr) débarqué le 12/06/1944

11 Agents Proust/OSS:
Henri STUBER, alias Aicard (Fr)

Fernand NOCETTI, alias Henri Bauge (Fr)
Jacques BOURLIER, alias A. Beaupin (Fr)
François BONAFOS, alias François Contet (Fr) => voir  document ci-dessous
Yves DUREMEYER, alias Dargeles (Fr)
Arthur LAURENT, alias Dupin (Fr)
Norbert MEYER, alias Norbert Martin (Fr)

Jean MASSON, alias Jean Moutier (Fr)
Yves POLLET, alias Georges Pocquet (Fr) => voir  document ci-dessous

Louis CHEVALLIER, alias Louis Tournier (Fr)
Albert POUPART, alias Vialat (Fr)
+

 LEGUEN Raymond alias Le Gloan   (Recruté local)

6 agents américains de l'OSS, organisateurs de la mission à Londres
Major R. LAMBERT
Major Liman Jr KIRKPATRICK
Lieutenant Harry R. RUSSEL
Lieutenant John MOWINCKEL
Sergent JW ROBICHAUD
Sergent WERTHEIMER



Source : Nara-Roll 04 Target8- Proust


Cette archive liste les agents pour la mission Driver Ascain du 20 Juin 1944 avec les 12 noms de code suivants :
 Aicard / Bauge / Beaupin / Contet /Dargeles / Dupin /Legloan /Martin / Moutier / Pocquet / Tournier / Vialat 
(voir la source)

    • Autres archives historiques : 

Dans tous les ouvrages d'historiens et témoignages, personne n'évoque ni ne décrit cette mission à Saint Laurent sur Mer, au contraire.


      • Cette attestation du 12 septembre 1944, signée R Guattary, présente Pollet Yves, allias Georges Pocquet, comme ayant participé à la mission « Ascain driver .... lors du débarquement de Normandie...» sans aucune précision sur le lieu, la date, l'objectif.





      • Rapport de Mission de François Bonafos aka François Contet 

Le site "Français libre" (source) évoque Roger Guattary et confirme que la mission ascain a débarqué le 22 juin 1944 à Grandcamp.
En effet, Pierre Tillet, fils d'un agent Sussex fournit un extrait du Rapport de Mission de François Bonafos aka François Contet qui mentionne avoir embarqué à Southampton le 19/06/1944 avec la mission Ascain et débarqué le 22/06/1944 à Grandcamp (Calvados).





      •  Relevé de Services d'Yvon Pollet pseudo Georges Pocquet
Figure également, le Relevé de Services d'Yvon Pollet pseudo Georges Pocquet stipulant qu'il a été débarqué le 19/06/1944. Il évoque aussi la nature de sa mission



      • Relevé de service de Roger Guattary l

 Roger Guattary lui  a bien été débarqué le 12/06/1944  à Saint Laurent sur Mer ce qui est indiqué sur son relevé de service.



    • La nature de la mission
      La Mission Driver est un nom collectif attribué à un groupe d'agents "Proust" qui a opéré à Criqcqueville en Bessin en laison  avec un agent à Saint Côme du Mont. Leur activité, en liaison avec les forces américaines (1°DI), étaient d'infiltrer les lignes ennemies


Source : Nara-Roll 04 Target8- Proust

Source : Nara-Roll 04 Target8- Proust

    •  L'évaluation de la mission







  • A l'opposé, cet extrait de presse concernant Jean Masson est complètement fantaisiste !


 extrait de presse PDF évoquant la présence de Jean Masson(source) mais ce document n'a aucune base historique sérieuse : c'est un article de journaliste...

Jean Masson a débarqué à Grandcamp, voir ci-dessus les archives.



CONCLUSION:


  • Un dossier (source essentielle d'Y Cordelle)  vraiment trop léger qui se discrédite car il laisse une trop grande part à l'imagination et ne présente rien sur le travail des historiens qui n'ont jamais présenté, affiné, croisé des sources et, surtout, confirmé ces données, d'autant que les rares témoignages de ces jeunes habitants (adolescents)  se révèlent fantaisistes, qu'il n' y aucun témoignage des participants, et, surtout, une absence totale d'archives. Celles qui sont ici présentées démontrent que la mission Ascain ne s'est pas déroulée à Saint Laurent sur Mer et dans la nuit du 5 au  6 juin 1944

  • Une autre discréditation qui frise le ridicule :  les affirmations de S Olard qui a l'habitude  de raconter/inventer  n'importe quoi : il affirme (sans aucune preuve... tout est secret !) que son grand oncle, Charles Olard (seul résistant libéré par les allemands dans des conditions jamais révélées alors que tous les résistants locaux du Réseau Alliance ont été fusillés le 6 juin 1944) a "fait partie de cette opération top secret" et que lui, le neveu est "le seul à le savoir.... et qu'il l'a dévoilé le 27 mai 2017. Et dans le journal la Manche Libre, il précise que cet oncle "Le 6 juin au matin, devait retourner à la poste de Saint-Laurent pour servir de contact aux Américains. Il est ensuite "débriefé", selon le terme des services secrets, à bord d'un navire américain"
  • Une évidence (article de Presse): le parachutage de Jean Masson alias Jean Moutier est totalement farfelu car les Alliés n'auraient pas pris le risque de le parachuter le 06/06/1944 sur la plage d'Omaha alors que cette plage était encombrée de tanks, barges et soldats !
  • Toutes les sources historiques montrent que les 11 agents de cette mission Driver a démarré le 19 juin 1944 (embarquement  à Southampton)  et a  débarqué  le  22 juin 1944 à Grandcamp
    puis a rejoint la 1ère Armée US le 23 juin 1944 afin de commencer la mission d'infiltration des lignes ennemies.
  • Aujourd'hui aucun document, aucune source historique, aucun témoignage, rien  ne confirme l'existence d'une telle mission "parachutée"  dans la nuit du 5 au 6 Juin à Saint Laurent sur Mer. Il ne sert donc à rien d'inventer et refaire l'histoire sur des bases fantaisistes.
  • Mr Olard doit s'abstenir de raconter des absurdités basées sur des faits inventés et s'en tenir aux faits avérés.


    • Remerciements particuliers à
      Dominique Soulier  et Pierre Tillet (tous deux sont fils d’un agent du plan Sussex) pour leur travail exemplaire, leurs recherches et la fourniture d'archives historiques. 

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Compléments pour illustrer les propos fantaisistes et inventés par  S Olard....








Une stéle est créée en 2019 à la pseudo maison de la libération

là, on connait l'histoire mieux que tout le monde...

En  2013, on avait déjà créé une stèle qui  expliquait 

que c'était  un parachutiste  de la 101ème Airborne.

Pratique : deux versions différentes pour un parachutiste retrouvé mort !