Amérindiens

Le musée Mémorial d'Omaha Beach crée par Par Monsieur Tréfeu a été le premier musée a exposé des mannequins de reconstitution ayant la peau noire, ce qui, régulièrement, questionne les visiteurs qui, souvent, ne comprennent pas cette présence !

Ce n'est pas une erreur mais bien le reflet d'une réalité méconnue : amérindiens et nois étaient présents le Jour J à Omaha Beach.

Les amérindiens  dans la deuxième guerre mondiale

Des milliers d'Amérindiens (Native Americans) ont servi dans les forces américaines pendant la Seconde guerre mondiale, sur tous les théâtres d'opération et donc dans la bataille de Normandie et, en particulier, à Omaha.

« Il y a des troupes indiennes depuis la période dite coloniale. Mais servir dans l’armée américaine c’est encore autre chose », analyse Thomas Grillot. Des troupes d’éclaireurs indiens sont testées à la fin du XIXème siècle, mais ce fut un échec. « Il y a un changement à partir de la Première Guerre mondiale, où les Amérindiens sont intégrés dans des régiments blancs, dans toutes les armes possibles. » Le même phénomène a lieu lors de la Seconde Guerre mondiale, où environ 25 000 (?) Amérindiens prennent part aux combats. A la différence des Afro-Américains, ils ne servent pas dans des régiments spécifiques.

A noter des chiffres divergents car les Amérindiens n'étaient pas répertoriés en tant que tels dans les registres militaires, le chiffre de 25.000 précisé par les historiens est parfois remplacé par "45.000" chiffre indiqué par le brigadier général américain Robert Cooley ou par Denis Van Den Brink « Plus de 44 000 Amérindiens étaient sur les plages du Débarquement pour libérer la France le 6 juin 44", évoque Denis Van Den Brink, un amateur passionné spécialiste de la Seconde guerre mondiale qui habite à Rouen.

Les amérindiens furent nombreux à se présenter dans les centres de recrutement dès l’attaque de Pearl Harbor. Ils ont été présents dans toutes les branches des forces armées des États-Unis d’Amérique. Cette présence reflète, à la fois, leur volonté d'assimilation en s’insérant dans la nation américaine pour affirmer leur intégration, alors qu'ils souffrent de ségrégation et racisme et n'ont pas le droit de vote et, probablement aussi, leur ancestrale tradition guerrière...


Des combattants valeureux

« Au printemps 1945, ils étaient 21 767 Indiens dans l’US Army dont 1 910 dans la Navy, 121 dans les Coast Guards et 723 dans les Marines. Ils s’y sont distingués et reçurent nombre de médailles. »  rappelle Denis Van Den Brink.

On enregistrait à la fin de la guerre, 71 récipiendaires indiens de l’Air Medal, 51 Silver Stars, 47 Bronze Stars, 34 Distinguished Flying Cross, et deux Congressional Medal of Honor : le lieutenant Ernest Childers (Creek) et le lieutenant Jack Montgomery (Cherokee).

L’armée parachutiste, toute nouvelle au sein de l’US Army, incorpora un nombre conséquent de Native Americans. Ils allaient sur tous les théâtres d’opérations, prouver leur valeur combattante. "Mais l’influence de la mystique amérindienne a aussi largement touché la légende émergente de l’US Airborne. Dès ses premiers mois d’existence, la première unité parachutiste américaine, le 501e Parachute Infantry Battalion, sous l’impulsion de chefs aussi visionnaires qu’imprégnés de culture amérindienne, allait s’inspirer des légendes et symboles de la nation indienne pour construire son identité d’unité combattante d’élite", explique Denis Van Den Brink. Ainsi, son blason imaginé par la Major WP Yarborough, représentait un homme volant de la tribu Ojibway. 


Les plus connus : Les «code talkers»

Parmi eux certains étaient utilisés comme "code talkers", c'est-à-dire agents de transmissions utilisant leur langue pour que les Allemands ou les Japonais dans la guerre du Pacifique, ne puissent les comprendre.

En effet, pour pouvoir communiquer sans être compris par l’ennemi, le cryptage des communications radio est essentiel. Il a été confié aux Amérindiens car les langues indiennes étant quasiment inconnues en dehors des tribus, notamment celles des Navajos et, en Normandie, des Comanches, il était  possible pour eux de communiquer secrètement, car quelques mots suffisaient pour se faire comprendre.

Les « code talkers » sont apparus pour la première fois durant la Première Guerre mondiale, en octobre 1918, dans un unique régiment. Il s’agit d’une simple expérimentation : « il n’y a pas de tentative de systématisation », déclare Thomas Grillot, chargé de recherches au CNRS, et auteur d’"Après la Grande Guerre, Comment les Amérindiens des Etats-Unis sont devenus des patriotes". Le projet refait surface en 1942, sous l’impulsion de Philip Johnston, fils d’un missionnaire ayant vécu avec les Indiens navajos et parlant lui-même leur langue. Environ 400 Navajos servent ainsi dans les communications radios des Marines américains, principalement sur le front Pacifique. En Europe, ce sont notamment des Comanches qui servent de « code talkers », en nombre moins important.

17 étaient présents à à Utah.

Dix-sept Comanches venus de l’Oklahoma sont sélectionnés en 1941 par l'armée. 70 ans après les persécutions de l'US Army contre leur peuple, ces indiens suivent pendant trois ans une formation pour s'adapter et sécuriser les transmissions de l'infanterie. Trois ans pour résoudre un problème bien spécifique... les indiens n'ayant pas l'habitude d'user de termes militaires dans leur langue. Les recrues créent leur code à Fort Benning. « Nous avons compilé 100 mots de notre vocabulaire en des termes militaires pendant la formation », déclara Charles Chibitty en 1999. Ainsi dans leurs communications, le char est par exemple symbolisé par le mot tortue, et l'avion devient un oiseau. Devenus en 1944 les Code Talkers, ils assurent un rôle primordial pour la réussite du Débarquement allié dans le Cotentin. Deux Comanches sont affectés à chacun des régiments de la 4th Infantry Division. Ils transmettent des messages codés à partir de la ligne de front jusqu'au siège de la division, où d'autres Comanches transcrivent les billets. Leur premier message pour l'état-major est celui-ci : « Tsaaku nunnuwee », ce qui une fois traduit donne « Nous avons bien débarqué. » Pendant le conflit certains Code Talkers furent blessés, mais tous survécurent à la guerre. Quant au code, il ne fut jamais cassé malgré les efforts d'Hitler, que les amérindiens appelaient l’homme blanc fou.


En 1989, le gouvernement français honora les Code Talkers Comanches en les faisant Chevaliers de l'Ordre National du Mérite. Puis en 2013, les Etats-Unis octroyèrent à leurs 17 vétérans la médaille d'or du Congrès, la plus haute distinction civile. Cette récompense fut à titre posthume, le dernier survivant de l'équipe, Charles Chibitty, étant décédé en 2005. Trois ans avant de disparaitre, ce dernier eut ces mots : "C'est étrange, mais enfant, on m'avait interdit de parler ma langue maternelle à l'école. Plus tard, mon pays me l'a demandé. Ma langue a aidé à gagner la guerre, j'en suis très fier."


Les 17 Code Talkers Comanches de la seconde guerre mondiale :

Cpl. Charles Chibitty
T/4 Haddon Codynah
T/5 Robert Titulaire
Cpl. Forrest Kassanavoid
T/5 Wellington Mihecoby
Pvt. Albert (Edward) Nahquaddy, Jr.
Pvt. Perry Noyabad
T/5 Clifford Otitivo
T/5 Simmons Parker
Pvt. Melvin Permansu
Pvt. Elgin Red Elk
Pfc. Roderick Red Elk
Pfc. Larry Saupitty
Anthony Tabbytite
T/4 Morris Tabbyetchy
Pfc. Ralph Wahnee
T/5 Willis Yackeschi



Il ne semble pas que des "code trakers" soient présent sur Omaha ce qui peut paraître surprenant.


Les soldats amérindiens à Omaha Beach, l'exemple de Norman Shay

L’anthropologue néerlandais Harald E. L. Prins, chercheur à l’université du Kansas et spécialiste des peuples natifs d’Amérique, estime que 175 soldats amérindiens ont débarqué sur les plages de Normandie le 6 juin 1944. Des anthropologues de la Kansas state University de New York, ont réussi à identifier 55 soldats amérindiens ayant débarqué à Omaha le 6 juin 1944 ,d'après MP Legrand (OF du 3/06/07). Rappelons que le décompte exact est impossible car les Amérindiens n'étaient pas répertoriés en tant que tels dans les registres militaires



Un membre de la tribu des Pentagouets originaire du Maine, Charles Norman Shay, né dans la tribu des Penobscot (tribu amérindienne de l’État du Maine, sur la côte Est des États-Unis), a débarqué avec la première vague d’assaut à Omaha. A dix-neuf ans, il était infirmier dans la compagnie F de la première division d’infanterie américaine, la fameuse « Big Red One ». Chargé de panser ses camarades blessés, il a été décoré de la Silver Star pour sa bravoure et son dévouement. « Je ne sais pas combien de blessés j’ai pu sauver ce jour-là », témoigne le vétéran. « Ce n’est pas important. ». Il a eu la chance de sortir intact de la Seconde Guerre mondiale, qui l’a mené jusqu’en Allemagne, ensuite il a participé à la Guerre de Corée. La seconde partie de sa vie, il l’a écrite en Autriche, comme militaire de l’armée US, puis au sein du Haut-commissariat à l’énergie atomique et enfin aux Nations unies.A 92 ans, il est, en 2017, le dernier soldat amérindien survivant du D-Day.



Le 5 juin 2017 Charles Norman Shay était à Saint-Laurent-sur-Mer (Omaha Beach) pour inaugurer le premier monument français dédié aux soldats amérindiens qui ont participé au Débarquement. Sculptée par le neveu de Charles Norman Shay dans le granit d’une carrière de la Manche, la stèle représente une tortue.



Un animal sacré, la tortue représente la terre, la sagesse et la longévité dans la mythologie indienne. « C’est aussi le nom que de nombreux peuples indiens utilisent pour désigner notre continent », précise le vétéran américain. « C’est l’emblème brodé dans le dos de mon gilet en peau de cerf. »

Source essentielle :

http://www.plagesdu6juin1944.com/blog/les-codes-talkers-d-utah-beach.html et 
Presse locale : Ouest France et La Renaissance