Contextualiser

Pour comprendre et analyser  cette mythification, il faut la contextualiser  vue :
- par les américains, les français, les anglais...
- selon les divers fronts de la deuxième guerre mondiale
- selon les époques : avant et après la guerre froide, avant et après De Gaulle... De plus chaque amateur d'histoire, selon ses connaissances, sa culture, ses opinions et tendances politiques cherche à y trouver ce qu'il attend, lui faire dire ce qu'il veut, quitte à passer sous silence certains aspects : ce que pratiquent les politiques lorsqu"ils s'emparent de l'histoire.

Ainsi De Gaulle minimise le rôle des alliés, nie l’État français de Vichy, exalte la résistance assimilée au gaullisme ; Pompidou s'exclame après la grâce du milicien Touvier "Allons-nous éternellement entretenir les plaies de nos désaccords nationaux ?" ; Giscard d'Estaing supprime en 1975 la commémoration du 8 mai au nom de la "réconciliation franco-allemande"  ; Mitterrand en 1984 commémore avec faste le débarquement mais H Kohl refuse d'exalter une bataille "au cours de laquelle des dizaines de milliers d'allemands ont péri" alors qu'en 2004 G Schröder dit "La victoire des alliés n'était pas une victoire sur l'Allemagne, mais pour l'Allemagne" ; J Chirac en 1995 déclare que "la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des français, par l’État français". En une phrase, il répudie une partie de l'héritage gaulliste, l’État français -illégitime- ayant bien existé et aidé à la déportation de juifs français. 
O Wiervorka explique  que la lutte entre chaque groupe, selon son vécu de la guerre "enflamme les passions, divisent l'opinion, oblige l’État à intervenir" .


Dans tous les mythes existe une part d'ombre, ce que l'on ne doit pas énoncer et donc passer sous silence : un tabou qui souvent perdure. L'historien Marc Ferro cite volontiers cet exemple : contrairement à ce que l'on pense, les français se sont bien battus en mai-juin 1940, plus de 100.000 ont été tués, autant chez les allemands. Pourquoi ne parle t-on pas d'un combat héroïque ? Pétain ne peut dire que l'armée issue du Front populaire s'est bien battue, De Gaulle n'aime pas les vaincus de 1940. Bilan, on en parle pas. Dans d'autres cas, il peut être difficile de mesure l'impact réel de faits historiques, c'est le cas du rôle de la résistance française en 1944, pour certains c'est un rôle mineur, voire folklorique, pour d'autres, la résistance a été efficace : impossible de se mettre d'accord !


  • Les publications d historiens


    Les historiens apportent chacun  à leur manière et en fonction de leurs objectifs,  un intérêt plus ou moins important au débarquement dans l'histoire de la seconde guerre mondiale : en fait le poids du débarquement se révèle souvent faible 1 à 2% des pages des ouvrages, donc, à leurs yeux,  le débarquement ne représente pas l’élément majeur de cette guerre. C'est également le cas dans les ouvrages scolaires où le débarquement est seulement évoqué en une seule phrase.

    Dans les ouvrages consacrés au D-Day  ou Jour J, les historiens consacrent relativement peu de pages  (4 à 17%) au débarquement en lui même, ils s'attardent davantage aux préparatifs et  à  toute la bataille en Normandie. Quand il s'agit d'évoquer les plages de débarquement, seul A Beevor met le poids sur Omaha (1/3), les autres historiens  ne donnent pas à  cette plage un relief particulier puisqu'ils n'y consacrent que 16 à 21% de leurs pages. Par contre, Jean Quellien, historien normand, insiste  sur la Pointe du Hoc.
    (voir en complément l'article "le coeur du mythe")

    La mythification du débarquement et d'Omaha n'est donc pas l’œuvre des historiens ! au contraire. Olivier Wievorka est pessimiste,  à ses yeux, le mythe empêche les historiens de faire connaître toute la complexité de cet évènement, en effet le cinéma, les musées qui biaisent la réalité ont une trop grande influence en forgeant des représentations qui nuisent à l'histoire réelle.


  • Le débarquement dans la deuxième  guerre  mondiale : quel impact ? 
Le débarquement est considéré comme un évènement majeur, mais pour quelles raisons ? Ce débarquement, même s'il est gigantesque,  n'est pas unique, de plus d'autres suivront ; c'est une bataille de courte durée qui ne fait pas partie des plus meurtrières ; les bombardements sont à oublier ;  pas de bataille de chars,  ni bataille navale, ni bataille aérienne ; très peu de prisonniers ; même si le résultat est une réussite, il demeure assez loin des objectifs ; les forces engagées ne sont pas exceptionnelles (Barbarossa avec 4 M d'allemands face à 3M de russes (?), Koursk avec 2 M de russes face à 1 M d'allemands, Débarquement du 6/6/44 voit 133.000  alliés débarquer  face à 30 à 50.000 allemands,  Bataille de Normandie : 1 M d'alliés (11/06) puis 2 M (21/08) face à 400.000 allemands).

Ce débarquement doit sa renommée  à son ampleur :  la plus grande opération amphibie et aéroportée de toute l’Histoire qui réunit diverses armées avec un potentiel militaire exceptionnel, sans oublier l'impact de l'opération Fortitude ... c'est un fait militaire très spécifique, original, unique et donc  incomparable, devenu mythe, mais cela en fait-il  l'évènement majeur, le tournant ? 



 Quels sont les moments clés de la deuxième guerre mondiale ?


Traditionnellement, on attribue au débarquement un rôle fondamental de "tournant décisif pour la victoire" mais ... tout comme pour la bataille de "Stalingrad" (Juillet 42-Février 1943).  Mais chacun a son idée... Ainsi Churchill à propos de la victoire de Montgomery à la seconde bataille d'El Alamein:

Il faudrait aussi tenir compte du   Pacifique, ainsi Midway qui se déroule le 3 Juin 1942 met un terme à l'avancée japonaise dans le Pacifique (encore un tournant...pour...?) confirmée par Guadalcanal (Février 1943) qui marque la reconquête offensive américaine dans le Pacifique. Dés fin 1942, l'attaché militaire allemand à Tokyo ne croit plus en une victoire possible. Et, pour le Pacifique, des historiens (C Weinberg) pensent que c'est l'occupation de Madagascar par les alliés en 1942 qui, en régnant sur l'Océan Indien, scelle le destin du Reich et du Japon en les empêchant définitivement de faire une jonction. 
Pour le front Est, s'il existe un tournantreconnu, Stalingrad, en fait c'est avant tout un tournant psychologique, car le tournant (basculement) définitif est représenté par la bataille de Koursk, dernière grande offensive nazie à l'est.



Pour l'Afrique, en 1942, les défaites des germano-italiens à Al Alamein couplée au débarquement américain au Maroc et en Algérie (Novembre 1942) suivi en mai 1943 de la capitulation des allemands à Tunis représentent aussi un "tournant" avec la maîtrise de la Méditerannée qui permet de faire le pont vers l'Italie et multiplie les fronts.

Pour l'Europe, d'autres historiens pensent que la défaite des U-Boote ("Black may" 1943) a une importance stratégique majeure pour la bataille de l'Atlantique puisque désormais rien ne peut empêcher un débarquement naval.

Par ailleurs, est-ce qu'une bataille gagnée brillamment (victoires allemandes en France, à Minsk, Kiev) fait la décision, et à l 'inverse, une défaite (Pearl Harbor). Non, isolée du contexte, une bataille n'est rien.
De plus les "tournants" ne sont pas toujours associés à des "batailles", ils peuvent être aussi des décisions qui orientent la guerre vers de nouveaux horizons imprévus, pour l'ennemi :
-en 1940 : Churchill ne dépose pas les armes et Roosevelt le soutient
-1941: Barbarossa surprend mais échoue aux portes de Moscou
-Pearl Harbor fait rentrer activement les USA dans la guerre mais avec cet objectif  imprévu: "Germany first"
-La conférence de Téhéran du 1°décembre 1943 qui scelle un accord militaire et politique "Est-Ouest"


En conclusion, quel rôle attribuer à ce débarquement ? Une réponse difficile à fournir...Tout dépend du contexte de la question et des conséquences que l'on veut en tirer. Si l'on globalise sur l'ensemble des fronts, le débarquement n'a fait qu'accélérer la chute de l'Allemagne nazie qui, en juin 44, a déjà perdu la guerre face à l'avancée irrésistible des forces soviétiques à l'Est, mais va permettre d'apporter rapidement  démocratie et  liberté sur l'Europe de l'ouest, ce qui est loin d'être négligeable !



  • Aux Etat Unis, un D-Day adoré, sacré, mythifié.
National D-Day Memorial  Virginie


Voici quelques explications, certaines reprises de l'historien BM Gordon qui expliquent pourquoi les américains adorent et mythifient le D-Day.

-D'abord, un débarquement réussi, du moins par rapport à tous les autres (Afrique du Nord, Sicile, Salerne, Anzio, Pacifique...) avec un engagement américain très efficace (plus que les anglais ...)

-Le plus grand débarquement de l'histoire avec une opération maritime de très vaste ampleur (156.000 hommes débarquent le jour J) qui atteindra 2 millions de soldats impliqués dans la bataille de Normandie, avec une mobilisation économique importante pour la production d'armes, en utilisant une technologie novatrice dans plusieurs domaines (armes, santé...) ce qui a nécessité un effort de guerre considérable qui a partout mobilisé toutes les populations, y compris des femmes. Aussi, ce débarquement est-il l'affaire de tous, d'un peuple entier fier de sa réussite.

-Un débarquement avec des risques réels malgré la supériorité alliée, en effet tous les débarquement précédents ont montré la difficulté de le réussir, que ce soit dans le débarquement lui même face aux contraintes naturelles, dans l'implantation d'une tête de pont solide, dans la difficulté de repousser les contre attaques et gagner en profondeur avant l'arrivée des blindés. En face, le mur de l'atlantique est une difficulté à affronter d'autant que l'on connaît la pugnacité des soldats allemands. Il faudra cette fois réussir à bien coordonner cette opération complexe qui associe marine, aviation, infanterie. L'inquiétude est réelle.

-Une stratégie exceptionnelle est mise en place. Elle fascine, en particulier le génie de l'opération Fortitude, une grande réussite, l'organisation et la planification des phases de débarquement, la logistique implacable d'approvisionnement indispensable à la réussite. L'idée (ratée) de créer deux ports artificiels se révèle un exploit technologique même si l'inefficacité fut réelle.


-Une décision et une victoire américaines : Les américains ont "gagné" la guerre grâce à ce débarquement en Normandie qu'ils ont toujours voulu et qu'ils ont imposé à Churchill. Roosevelt a toujours clairement annoncé qu'il voulait avant tout combattre l'Allemagne nazie "Germany first" et contenir le Japon malgré l'attaque sur Pearl Harbor. Il faut donc frapper l'adversaire là ou il est le plus fort, donc attaquer l'Allemagne avec un débarquement conséquent, donc faire l'opposé de ce que préconise Churchill: une guerre d'usure.

-Une guerre avec des héros que tout le monde connaît : Roosevelt, Churchill, Eisenhower, Patton, Cotta, Montgommery, De Gaulle, mais aussi Hitler, Rommel.... sans oublier les héros du jour J avec leur "medal of honor"

-Une guerre avec des rebondissements et beaucoup de  tragédies, les ratés de l'aviation et de la marine le matin du 6 juin, l'interminable guerre des haies dans le bocage qui traumatisent les soldats, l'impossible conquête de Caen par les anglais, la percée de Patton à Avranches, les "dégâts collatéraux" dans les villes normandes...et continuellement des allemands qui se battent et ne reculent que in extremis!

-Le D-Day est une très bonne histoire très morale avec les bons (alliés) et les méchants (nazis) "the good war" avec  un "happy end" alors que toutes les autres guerres menées sont plus ambiguës, avec une ligne floue entre le bien et le mal (Guerre du Viet Nam, du Golfe...). De plus, toutes les interventions militaires américaines, et elles sont très nombreuses, ont été contestables (Indonésie, Guatémala, Cuba, Liban, Chili, Nicaragua...). Il faut noter que le sentiment de mener une guerre juste a été renforcé et accru après l'impact de la Shoah sur les esprits.

-Une guerre avec beaucoup de pertes humaines : 215.000 soldats alliés tués ou blessés lors du débarquement et de la bataille de Normandie (beaucoup moins que du côté russe) mais avec de réelles tragédies : pertes de 60% dans les premières vagues à Omaha, Cie A du 116°Rgt (Bedford) avec 90% de pertes. E pourtant les pertes le soir du Jour J sont limitées à 3% des effectifs alors qu'était prévu 7% (sauf à Omaha) ... et donc aujourd'hui un émouvant cimetière mémorial à Colleville avec 9386 tombes.

-Une guerre qui libère un "grand pays ami" la France, que les américains admirent et respectent, pays des Lumières, de La Fayette, pays de la culture, pays de la gastronomie... Aucun autre pays libéré aurait connu le même impact sur le peuple américain

-Une guerre que la France n'oublie pas avec son tourisme de mémoire, mis en place très tôt (R Triboulet), qui attire beaucoup de familles américaines qui apprécient tous ces lieux de souvenirs, tous ces musées, cet accueil lors des commémorations. Une exploitation touristique digne du business américain !

-Une histoire dignement commémorée qui permet aux présidents américains de mettre en valeur la puissance militaire de leur pays, de rappeler l'héroïsme des soldats, présenter le président comme un chef de guerre avec une couverture médiatique remarquable, un atout à la veille d'élections que Reagan, en premier, a su exploiter. En effet, avant les commémorations étaient sobres, militaires et reflétaient avant l'état des relations internationales (Guerre froide, arrivée de De Gaulle...) d'ailleurs Eisenhower n'a jamais assisté à une commémoration, il faut dire qu'il n'en avait pas besoin pour redorer son image.

-Un D-Day immortalisé et glorifié au cinéma dans une des plus grandes superproductions d'Hollywood avec une pléthore de célébrités (John Wayne, Sean Connery...) et tous les mythes possibles désormais indéboulonnables : Clocher de Sainte Mère, Pégasus Bridge, Casino de Ouistreham malgré de trop nombreuses erreurs historiques, des oublis (Juno, Churchill, De Gaulle...), des surestimations (Luftwaffe), un manque d'authenticité et de réalisme de la plupart des scènes qui veulent démontrer avant l'héroïsme et le courage des GI's, et surtout : Qui est le vrai vainqueur !



  • Chacun y porte un intérêt personnalisé !
    • La France 

Ce débarquement grandit le rôle de la France, terre de liberté qui voit arriver ... les libérateurs. Même si De Gaulle a minimisé son impact, oublié les heures sombres au profit de la résistance, mis en avant les rares français ayant participé (Commando Kieffer, Jean Moulin...) pour effacer le pétainisme, la France a su exploiter ce moment historique grâce aux initiatives de  Raymond Triboulet. Désormais la France se met en avant et montre sa  capacité d'organiser d'immenses cérémonies internationales auxquelles participent tous les grands chefs d'Etat, y compris désormais la Russie et l'Allemagne. Elle récupère ainsi  un tourisme de mémoire particulièrement mis en valeur car il est rentable, la France étant championne du monde pour le tourisme.


    • Omaha & les communes
Le débarquement est une chance pour un région sinistrée au niveau de l'emploi, certes le tourisme a toujours existé, autrefois cette plage appelée "Les sables d'or" attirait déjà, il existait même une voie ferrée avec une gare à Saint Laurent. Le cadre est exceptionnel :  une belle plage de sable fin sur  6 km, encore un peu sauvage  avec peu d'habitat, une multitude de souvenirs (musées, plaques, statue...) et deux sites extraordinaires aux deux extrémités, la pointe du Hoc et le cimetière de Colleville. Un site idéal pour les visiteurs pour comprendre le drame du 6 juin. Les éléments sont bien présents pour une mythification relayée par un tourisme de mémoire qui  se développe d'ailleurs un peu trop vite. Les communes sont encombrés de visiteurs  et n'ont pas les espaces dédiés pour les accueillir. On ne sait plus comment garer les bus, les véhicules, les camping car qui posent beaucoup de problème d'accueil (sécurité, ordures...) sans rien apporter au budget des  communes qui voient leurs routes et parking dégradés. Bien souvent le touriste descend du bus,  fait quelques photos des Braves, ramasse un peu de sable et repart vers d'autres lieux...
    • Autres lieux 
La perception du débarquement est très variable selon les lieux. Déjà en France, pour certaines villes normandes,  le débarquement est synonyme de destructions et de morts, dans certaines familles touchées par ces tragédies le débarquement n'est pas un souvenir agréable même si aujourd'hui le temps a passé. 
Dans le sud de la France, on est loin des plages de débarquement:  sur la côte d'azur, on se souvient davantage du débarquement en Provence, dans les Alpes on n'oublie pas les maquis du Vercors, dans le Pyrénées Orientales on est davantage marqué par la  "retirada" et par l'arrivée des "pieds noirs"... Chacun son Histoire.

En Russie, dans la rue,  on ne connaît  même pas  l'existence d'un débarquement en France, quelques réponses : "Le débarquement en Normandie? Je n'ai jamais entendu parler de ça"..."C'est l'URSS qui seule a vaincu le fascisme" ..."Le D-Day, on n'a pas trop de souvenirs de ces événements. J'ai effectivement entendu dire que les Américains nous ont aidé durant cette guerre, mais ça n'a pas dû jouer un grand rôle, car au final c'est l'URSS qui a gagné".
"La rhétorique antiaméricaine continue à influencer notre vision de l'histoire, et nos représentations en restent à l'époque de Staline et Brejnev".
Difficile  pour nous d'évaluer justement le ressenti des russes.

Pour la moitié des anglais, c'est bien le Royaume Uni qui a permis la victoire,  inutile de demander aux américains, on connaît leur réponse !

Les anglais possèdent relativement peu de monuments

  • La population aime l'histoire, chacun à sa manière...
Depuis quelques années, il existe un  renouveau de l'intérêt du grand public pour l'histoire, ce que  présente A Beevor :
"Dans le passé, l'Histoire a toujours été écrite de manière collective : c'était celle d'un pays, d'une région, d'une population, d'une industrie, etc. Il a fallu attendre les années 1990 pour que s'opère un grand changement, avec la désintégration des loyautés collectives. De façon dramatique, l'attachement à une nation, à une idéologie, à un syndicat, à un régiment, tout cela a volé en éclats face à l'émergence de l'individu. Résultat, le public s'est subitement intéressé à une autre vision de l'Histoire, plus centrée sur le sort des hommes que sur les parties d'échecs des généraux. La Seconde Guerre mondiale, qui avait cessé d'intéresser le grand public, est ainsi revenue au goût du jour. Ajoutons à cela que, dans nos sociétés caractérisées par le bien-être et la sécurité, l'idée même d'une guerre est si loin des expériences vécues qu'elle en devient un sujet de questionnement personnel, surtout pour des générations complètement coupées de la chose militaire." 

Mais qu'attendent ces amateurs d 'histoire? Tout dépend de leur vécu, de leur culture, de là, des perceptions bien différentes. 


Pour quelques uns,  la volonté de revivre in situ les exploits du cinéma comme au musée de Sainte Mère, de participer à des festivités en allant au banquet, en écoutant de la musique, en dansant et en faisant une "course de la liberté"...en fait, l'histoire est prétexte  à la détente et aux loisirs.


D'autres viennent  avec de véritables convictions et beaucoup d'émotion :
-pour saluer le courage et le sacrifice des Gi's: "des hommes courageux et méritants et qui nous ont libérés d'un fléau." "Les soldats savaient ce qui les attendaient, et pourtant ils y sont allés"" Beaucoup ont fait le don de leur vie pour nous libérer d'un tyran" «sans eux, nous ne serions pas là». «C'est la preuve que la liberté n'a pas de patrie» "respect total pour tous ces soldats morts pour sauver un pays qui n'était pas le leur"

- pour faire un "devoir de mémoire" sans oublier personne : "Nous avons un devoir de mémoire, car tous ces sacrifices seraient vains s'ils ne servaient pas à construire l'avenir" "une pensée pour tous les civils français qui ont perdu la vie le 6 juin 1944" "ne pas oublier tous les résistants qui ont combattu dans l'ombre"

- pour rappeler la démocratie : "retrouver la liberté". "jour où l'on a posé la première pierre de la paix en Europe" "le jour J pour la future Europe" "Toute l'histoire de la communauté européenne a commencé ici"
(source de ces témoignages)


Enfin, certains écument les musées, associent visites culturelles et repos balnéaire (avec lectures), mais il  ne faut pas les décevoir, ni les tromper et revenir aux fondamentaux de l'Histoire, sans rien oublier.