Le coeur du mythe

Omaha n'est qu'un lieu de débarquement parmi d'autres, en Normandie et dans le monde, Omaha n'est qu'une bataille comme tant d'autres, Omaha a connu de lourdes pertes comme d'autres batailles, Omaha a connu une issue heureuse comme d'autres, et pourtant, Omaha est unique et désormais mythique. Pourquoi ? si les raisons sont multiples,  il faut en trouver les racines dans  son déroulement et son exploitation ultérieure : les témoignages des survivants et l'analyse des historiens


Omaha, un scénario tragique qui va du désastre au succès avec du sang, des morts

En fait, ci-dessous, une petite synthèse du 6 Juin à Omaha
Voir en complément notre site  web dédié aux évènements d'Omaha, des cartes détaillées , avec un synthèse et son pdf. En effet il est nécessaire d'avoir une vue globale des évènements pour mieux assimiler les dossiers de ce site.

Tous les éléments qui constituent le drame du 6 juin à Omaha constituent un inimaginable scénario dramatique  d'un enfer qui ne peut qu'être mythifié avec ses horreurs et rebondissements:


Le site exceptionnel  de la « plage des sables d'or », longue de 6 km , bordée par un  alternance de marécages, dunes et villas (détruites) est surplombé par un plateau dont le rebord forme des falaises mortes (30 à 40 m de haut) qui sont entaillées par 4 vallons correspondant aux villages de Colleville sur Mer (est), Saint Laurent sur Mer (centre) et Vierville sur Mer (ouest), ainsi qu'un vallon nommé le Ruquet, à Saint Laurent. 

En 1944, environ 800 soldats allemands (716°DI et, depuis janvier 1944, 352°DI) stationnent à proximité  sur les hauteurs de la plage en s'appuyant sur des batteries d'artillerie à l'arrière ( Pointe du Hoc, Longues sur mer, Maisy.). La plage  est protégée par de nombreuses défenses du fameux "mur de l'Atlantique" :4000 obstacles présents sur la partie découverte à marée basse (portes belges, troncs pointus, pieux , hérissons tchèques), aux sorties de plage et entrées de village) avec des murs s et fossés antichar. Sur le haut des falaises, à l'entrée des vallons, 14 WN (Widerstandsnesten) sont des points fortifiés avec des casemates et tobrouk en béton qui abritent des canons, mitrailleuses, tourelles de char, mortiers... le tout parcouru de tranchées et protégé par des barbelés et des champs de mines. Certains WN ne sont pas encore terminés.




Les américains ont prévu de faire débarquer 2 divisions : la 1re division américaine «Big Red One », une unité expérimentée et la 29e division « Blue and Grey », inexpérimentée, ainsi que deux bataillons de rangers, des unités du génie et diverses unités d'appui, sur quatre secteurs de débarquement nommés, d'ouest en est : "Charlie", "Dog", "Easy" et "Fox". Le général Gerow, commande le 5ème corps d'armée américain, et le général Bradley, commande la 1ère armée américaine.

Afin de permettre la réussite du débarquement, des bombardements doivent détruire les défenses allemandes au petit matin du 6 juin 1944. Vers 4 h du matin les navires approchent d'Omaha, mettent à l'eau des péniches puis transbordent les soldats. Ensuite, ce sera le départ des tanks DD, puis vers 5H20, les chalands partiront vers la plage.

De 6h à 6H30 des bombardements visent le littoral. Ils  interviennent par 454 avions B-24 qui larguent 1300 tonnes de bombes qui explosent toutes à 5 km à l'intérieur des terres en raison de difficultés liées à la couverture nuageuse et à trop de prudence pour ne pas toucher les chalands qui approchent de la plage. Au même moment18 navires de guerre (cuirassés, destroyers...) tirent, à longue distance, des obus qui, eux aussi, arrivent trop à l 'arrière.

Beaucoup de bruits et fumées mais rien n'est détruit  : les préliminaires sont piteusement  ratés.

Il est prévu d'envoyer 112 chars sur la plage, soit en les transportant sur des LCTA, soit en les faisant naviguer pour les chars en Duplex Drive (enveloppés d'une jupe de caoutchouc qui assure la flottaison). Côté Colleville, sur 32 chars qui doivent naviguer, 3 seulement parviennent sur le sable ! en effet, la mer agitée avec des courants fait couler 27 chars ! Finalement, seulement 47 chars arrivent, avec retard et dispersés sur la plage, beaucoup sont détruits par les canons allemands. En raison de cette catastrophe, les Gi's n'auront aucun soutien sur le sable

A 6H31, ce sera donc  l'horreur pour la 1° vague de fantassins. 50 chalands (LCA et LCVP) permettent à 1550 Gi's de débarquer : les allemands attendent l'ouverture des péniches pour les massacrer avec les mitrailleuses : c'est l'enfer. Ainsi, la compagnie A, à Vierville, perd, en quelques minutes, 100 gi's sur 155. Ailleurs, le feu est intense ; de plus, beaucoup de chalands ont dérivé vers l'Est, sont éparpillés et arrivent avec retard. Les Gi's, surchargés, sont fauchés , et, blessés, se noient dans les trous d'eau. Ils ne peuvent s'abriter que derrière les obstacles de la plage, quelques uns parviennent au pied du cordon de galets, en haut de la plage. C'est l'horreur avec du sang, des blessés, des morts partout et des survivants apeurés incapables de réagir. De là, le surnom « Omaha la sanglante »

Juste après la première vague, 1000 sapeurs (engineers) arrivent sur 24 LCM pour faire 16 brèches au milieu des défenses sur 500 m de plage afin de permettre aux chalands suivants d'aborder en sécurité. La situation se renouvelle : les chalands dérivent et le feu allemand inflige de très lourdes pertes (40%) d'autant que les sapeurs portent des explosifs. Seules 6 brèches partielles seront réalisées, concentrées en deux endroits. Le génie, présent, ne pouvant ouvrir les valleuses, utilisera les fusils à la place des pelles !



De 7H à 8H, de  partout, arrivent régulièrement des renforts qui comprennent vite qu'il ne faut plus débarquer face aux entrées de plage où les allemands massacrent les Gi's mais face à l'escarpement des falaises. A 7H30, la deuxième vague arrive avec la marée haute sur une plage congestionnée. Vers 8 h, approchent 9 gros LCI (péniche de transport de 50 m de long avec 200 Gi's), trois seront détruits. Les soldats sont épuisés et traumatisés, paniqués au milieu des tirs et de la fumée, complètement perdus parmi des morts, blessés, et du matériel détruit, y compris les radios. C'est l'enfer. Désormais, il faut avancer ou mourir !


A partir de 7H30 des officiers débarquent (Général Cota sur Dog et Colonel Taylor sur Easy) qui vont galvaniser et réorganiser les hommes :"il faut sortir de cette foutue plage" "ils nous assassinent ici, allons nous faire tuer à l’intérieur des terres" "Foutez le camp de la plage, si vous restez, vous êtes morts ou vous allez bientôt crever" " il y a 2 sortes d'individus qui restent sur la plage, les morts et ceux qui vont mourir : foutons le camp d'ici en vitesse " « si nous devons être tués, autant tuer quelques allemands avant ! »



Des percées sont réalisées entre les valleuses, telle la première à 7H de Spalding et Dawson entre Colleville et Le Ruquet. Ensuite des WN sont pris à revers : dés 7h15, à Vierville, le WN 73 est pris par les rangers ; puis à Colleville, le WN 60 sur les hauteurs suivi du WN 61 en bord de plage. Les percées se multiplient, entre Saint Laurent et Vierville où Cota avec les rangers avancent, de même entre Saint Laurent et le Ruquet. Des nids de mitrailleuses sont détruits (en bord de plage à Saint Laurent) puis au WN 70 près de Vierville.

Ce sont les premiers succès dus à l’héroïsme et au courage des Gi's que les généraux, restés sur les navires au large, n'ont pas encore eu connaissance.



Vers 10h, 11 destroyers de la marine s'approchent enfin d'Omaha, à moins d'1 km, et tirent avec succès sur les WN.

Le vallon du Ruquet est cerné par les Gi's qui d'abord prennent à revers le WN64, puis grâce aux tirs de destroyers, de chars et, enfin, d'un half-track détruisent le WN 65 ; ils permettent donc d'ouvrir la sortie E1. Les sapeurs s'activent et à 15H la première sortie d'Omaha est ouverte qui permet de dégager matériel et hommes sur le plateau d'autant que des renforts arrivent toujours (2500 hommes du 115th débarquent à 11H). A midi, déjà 20000 hommes ont débarqué.


En fin de matinée la bataille de la plage se termine et commence donc la bataille dans les terres pour la conquête des villages. Vierville sera le premier village libéré facilement car les allemands l'ont abandonné pour mieux renforcer leurs positions à l'arrière. Vers midi, des obus détruisent les défenses à l'entrée de la valleuse et vers 12H30, le général Cota descend vers la plage. Les villages de Colleville et Saint Laurent vont connaître une même évolution : ils sont défendus avec férocité par les allemands qui doivent après plusieurs heures de combat abandonner le secteur de l 'église, toutefois une partie du village demeure aux mains des allemands, renforcés dans l'après midi à Colleville par la contre attaque d'un bataillon de réserve.

Percées du 6 juin
voir 11 cartes détaillées

Depuis 15 H, au Ruquet la sortie E1 est ouverte et la circulation y est « fluide ». A Vierville, vers 15 h le mur antichar est détruit, et il faut attendre 18 h pour que la route soit ouverte et permette vers 21 h à 23 chars d'accéder au village. Au sud de Vierville, les Gi's sont toujours bloqués par les positions allemandes. A Saint Laurent, aux Moulins, les tirs de snipers empêcheront le travail des sapeurs jusqu' à 21H. A Colleville, le Wn 62 étant pris à seulement 15H, les sapeurs travailleront dans la longue valleuse à partir de 20 h pour ouvrir la route à 1 h du matin pour permettre à 17 chars de s'engager.

L' Etat major débarque à partir de 17H sur la plage pour installer les QG sur les hauteurs. Les derniers renforts de la 26th infanterie débarquent 2500h vers 18H30 qui se regroupent sur le plateau. Pendant ce temps les «medic» (infirmiers) essaient de maintenir envie les trop nombreux blessés à l'aide de morphine et perfusion. Les Gi's s'enterrent dans leurs trous pour passer la nuit durant laquelle de nombreux allemands vont profiter pur s'enfuir.
Au matin, les villages de St Laurent et Colleville complètement encerclés par les Gi's sont rapidement pris ce qui favorisera l'avancée vers l'intérieur des terres.


Le pertes humaines sont très lourdes, longtemps estimées à 3000 hommes dont 1000 à 1200 tués, elles sont aujourd'hui relevées à 4700 avec 2000 morts ou disparus. (Historien J Balkoski en 2004).
Les allemands ont des pertes de 1200 h dont environ 200 morts, 500 disparus et 500 blessés (chiffres sous réserve)
Le soir du 6 Juin, la tête de pont est étroite (2 km sur 8 au lieu de 25 km sur 8 de prévu) mais plus de 34000 hommes sont débarqués avec 3400 véhicules. Le débarquement a donc réussi au prix de lourdes pertes.






Des survivants traumatisés qui témoignent de l'enfer vécu

Tout le monde connaît l"horreur que vécurent les GI's à leur arrivée sur la plage d'Omaha. Pour éviter de faire un récit complexe de cette matinée tragique  du 6 juin, il est préférable de se contenter  d'extraits de témoignages pour comprendre  leur vécu.


  • Sur les barges

-"les barges ruaient comme des chevaux sauvages et puaient le vomi"
-"Bientôt, nous entendîmes comme un tintement  près de nous et quand deux ou trois hommes s'effondrèrent sur le pont, nous comprimes  que nous étions sur le feu de balles réelles tirées par un ennemi bien vivant"
-"Quand la rampe s'est abaissée, elle fut directement mitraillée. Mes trois chefs de peloton et d'autres furent touchés à l'avant. Deux marins furent touchés. Je suis entré dans l'eau qui ne montait qu'à la cheville. J'ai essayé de courir mais soudain j'ai eu de l'eau jusqu'aux hanches. J'ai rampé pour me cacher derrière l'obstacle en acier enfoncé dans la plage. Les balles ricochaient sur lui et sur mon paquetage, en me manquant. Mais elles en ont atteint d'autres" (un soldat du 116°Rgt)
-"Si un soldat glissait sous la rampe métallique de la barge, il mourrait quand elle retombait"


Troupes dans une péniche de débarquement LCVP approchant Omaha Beach le 6 Juin 1944.
Remarquer les casques ; l'inscription "No Smoking" sur la rampe du LCVP a et les M1903 fusils et carabines M1 portées par certains de ces hommes.  Photographié par Herman mur.




  • Dans l'eau

-"Nombreux furent ceux touchés dans l'eau, bon nageur ou non. Ils appelaient à l'aide. Des cadavres flottaient à la surface, et des vivants faisaient le mort, se laissant porter par la marée."
-des balles tombaient dans l'eau à quelques centimètres de moi... jamais je n'ai prié aussi fort de ma vie"
-"Il  (le sergent Robertson) avait une blessure béante à la tempe. Il marchait comme un fou dans l'eau sans son casque. Puis je l'ai vu tomber  à genoux et se mettre  à prier en égrenant son chapelet. Il se plia soudain en deux, touché par des tirs croisés"
-"Je suis touché ! je suis touché !"
-Tout semblait  aller au ralenti, la façon même dont nous nous déplacions sous tout notre équipement. Surchargés, nous n'avions aucune chance. J'étais si fatigué que je pouvais  à peine me traîner."(sur une section de 31 hommes,  9 hommes survécurent)
-"Les balles suintaient en rasant le sable mouillé"
-"C'était horrible. Des hommes mouraient tout autour de nous, les blessés incapables de bouger se noyaient du fait de la marée montante. Jamais je n'ai vu autant de bravoure : beaucoup revenaient sur leurs pas pour tenter de ramener des blessés et se faisaient tuer eux mêmes."



Un LCVP provenant de l’USS Samuel Chase piloté par l’US Coast Guard , débarque des troupes de la compagnie E du 16erégiment d’infantrie de la 1re division d’infanterie américaine (“Big Red One”), à Omaha Beach dans le secteur Fox Green. (Chief Photographer's Mate (CPHoM) Robert F. Sargent)



  • Sur le sable

-"Je leur ai crié de progresser en rampant et certains m'ont obéi. Beaucoup semblaient apathiques. Ils restaient assis ou allongés. Ils pouvaient  remuer les membres mais refusaient de répondre ou d'agir."
-Ils étaient étendus sur les galets mouillés, tremblants de froid et de peur"
- "Il (Caporal E O Jones)avec sa frêle carrure partit six fois et ramena des hommes" 
-"Certains secteurs de plage étaient bondés, d'autres non occupés"
-"Toubib, je suis touché. A l'aide ! "
- A 9 heures, ce n'était qu'un énorme amas de ferraille, d'hommes et de matériel"
-"Rien de tout cela me semblait  réel"

Le char amphibie N° 10 protège des Gi's du feu ennemi (Photo R capa)



Les conditions particulièrement atroces du débarquement à Omaha que tous les témoignages attestent révèlent les conséquences terribles d'une accumulation d'erreurs et de manque de chance.

Rien à voir avec la légende selon laquelle les hommes débarquèrent sans crainte sous le feu de l'ennemi ou avec la version édulcorée de la mort sur la plage dans le film "Le jour le plus long".

Très vite, l'on déchanta: premières balles, blessés et morts firent très vite apparaître la peur, et pour certains la folie, des commotions cérébrales tant la violence était omniprésente. Le choc psychologique fut terrible avec la prise de conscience de sa propre vulnérabilité, que la mort peut arriver très vite et que pour l'éviter, la prudence ne suffit pas, il faut de la chance.

Les Gi's pensaient pouvoir trouver un combat tel qu'il leur avait été appris lors de l'entraînement. Ce ne fut pas le cas et le sentiment de désespoir et d'égarement était là pour des hommes épuisés et sans repères. Aucun Gi n'a pu oublier les images insoutenables des blessés et des morts, du sang, des cris, des odeurs, le bruit terrifiant des explosions et balles qui sifflent.

Aussi beaucoup ont-ils craqué nerveusement, physiquement ou psychologiquement, à des degrés divers.


Des auteurs d'ouvrages qui relaient "Omaha la sanglante"
Après l'ouvrage de G Blond publié en 1951, le premier ouvrage publié qui connut un immense succès de librairie fut "Le jour le plus long" qui  deviendra  d'abord un best seller vendu  à 800.000 exemplaires en quelques mois aux USA, puis un film  renommé de Darryl Zanuck en 1971. En France, cet ouvrage a toujours un énorme succès, pourtant, l'auteur a une méthode très particulière pour évoquer le débarquement,  aussi sera-t-il, ici, analysé.

Cornelius Ryan est un journaliste irlandais qui a été correspondant de guerre pour le quotidien britannique Daily Telegraph, il a accompagné la 3e Armée du général Patton en France et en Allemagne. Il décide d’écrire une histoire du jour J du point de vue des alliés et des allemands en s'appuyant uniquement sur plus de 1000 entretiens téléphoniques avec d’anciens soldats alliés et allemands, dont de nombreux haut gradés sur les journées du 5 et du 6 juin 1944.

Son récit constitue une chronique minutieuse qui racontent différentes histoires personnelles basées sur des drames, des actes d'héroïsme de simples soldats en alternant côté allié et côté allemand. Tout est axé sur l'émotion pour que le lecteur est l'impression d'être avec les soldats au milieu de la tourmente.

Ce n'est pas un livre d'histoire au sens noble du terme, d'ailleurs Ryan n'a aucune formation d'historien, mais c'est un livre composé d'histoires et d'émotions transformées en épopée. L'auteur choisit ce qu'il veut montrer, ignorer, escamoter, mettre en valeur.
Comment décrit-il Omaha ?

En édition pocket son ouvrage fait 280 pages, et il s'intéresse à Omaha  à quatre reprises (16%)

Nota: les expressions relevées sont présentées dans l'ordre de l'écriture
-p175-187 (22 pages) il présente la mise en place de l'armada, la planification du débarquement, les bombardements.
"Rentrez-leur dedans ! "Terminus tout le monde descend" "Nous nous sommes dit au revoir et je ne devais jamais plus le revoir" "A partir de maintenant, je prierai à votre place" "Quoique qu'il arrive débarrassez moi de ces foutus obstacles"  "Ce salaud, il a la trouille" "les soldats étaient tellement chargés de matériel qu'ils ne pouvaient se mouvoir"... "ils ne pourraient se battre"  "chaque visage  portait la même expression, cireuse, livide" "Le bal va commencer, le  grand...alors en piste!" "Nous sommes bombardés, durement bombardés ... Bon dieu, ça tombe de tous les côtés! répondit Pluskat" 

-p188-199 (11 pages) Le débarquement à  Omaha
"il n'y avait pas de héros, rien que des hommes dans ces embarcations" "couvert de vomissures" "bon dieu, on a coulé" "ils se noyèrent sans avoir titré un coup de fusil"  "un désastre se produisit" "des cercueils d'acier" "horrifiés par la catastrophe" " flotter dans l'eau des vivants et des morts"" "ils hurlaient, suppliaient leurs camarades de leur apporter du secours " "nous suppliant" "il récité son acte de contrition" "incroyable déluge d'acier" "fracas infernal" "crépitement de balles de mitrailleuses"" "les canons allemands crachèrent leur acier" "impitoyablement mitraillés" " "il était le seul officier indemne de sa compagnie, tous les autres étaient morts ou grièvement blessés" "recrudescence du feu croisé de mitrailleuses" " feu ennemi" tir plus concentré, plus nourri" " se faire faucher l'un après l'autre en franchissant les rampes" "tir aux pigeons" "les malheurs et les désastres s'accumulèrent sur la tête des hommes d'Omaha" " "cloués au sol, isolés, sans officiers" "le bateau se désintégra" "on les repêcha, grièvement brûlés, mais bien vivants" "Cette catastrophe ne dépassa en horreur..." " a la fin de la journée, il ne restait que la moitié de ses hommes" " la mer rejetait au rivage les débris et les épave de l'armée d'invasion" "détritus d'invasion, détritus guerriers" " "ilôts de blessés parsemaient la plage" "il vit battre l'artère fémorale" " j'ai pris mes pilules de sulfamides" "ça va aller""Chaos et confusion" "prostration " " des hommes se relevaient et avançaient"

-p 257-260 (3 pages) Sortir de la plage (et fin)
"se frayant  un passage à travers Omaha la sanglante" " spectacle de mort et de destruction" "cataclysme" "montrez nous le chemin dit Costa" "j'y vais... Bravo mon gars" "ils nous assassinent ici, allons plutôt  nous faire assassiner à l'intérieur des terres" " enfant de salaud" "Foutons le camp ,en vitesse" "il fit presque avancer ses hommes  à coup de pied dans le derrière" "il avait reçu une balle dans le coup qui était ressortie par la bouche" "Montez ! amenez vous, les enfants de p... sont foutus" "Bitte, bitte, bitte, ... il les tua tous les trois, je me demandais ce que voulait dire bitte ?" "hors de cet enfer, les hommes  se déversèrent à  l'intérieur des terres" 

(puis 5 lignes plus bas, ce récit se termine par) " Le prix d'Omaha? on l'estime  à 2500 morts, blessés ou disparus"  (10 pages plus loin, le livre se termine)

Les lecteurs encensent cet ouvrage ! 
"captivant" "ne demande aucune connaissance" "incontournable" "un classique" "à lire impérativement pour ceux qui adorent l'histoire" "bien documenté" "permet de comprendre" "revivre le débarquement" "à lire et relire"

Cet ouvrage populaire et grand public n'a donc rien à voir avec les publications des historiens.



Des historiens  rigoureux et précis 

Ils évitent redondances et émotion sans rien éluder et  n'accordent qu'une importance relative au débarquement dans la bataille de Normandie.
(Voir la bibliographie)

(%) => pages consacrées à Omaha et  à la pointe du Hoc.


  • Jean Quellien, dans "Le jour J et la bataille de Normandie" (458 pages) accorde un chapitre à Omaha (13 pages)  un chapitre à la pointe du Hoc (8 pages) soit 4,5%. Les témoignages sont assez nombreux mais longs et pertinents ; le texte, précis, n'élude rien : "L'ensemble  forme un piège terrible. Le Haut commandement allié est bien conscient du danger" (...) C'est sans compter avec une série d'erreurs et de malchances". Il parle de carnage et de cadavres qui s'accumulent mais sans redondances inutiles et préfère insister sur "les problèmes qui s'accumulent". En conclusion, il dresse le bilan humain et présente le témoignage d"un correspondant de guerre qui a parcouru la plage le  7 juin au matin.
  • Antony Beevor dans "D-Day et la bataille de Normandie"  (635 pages) accorde un chapitre à Omaha  et la pointe du Hoc (26 pages) soit 4% qu'il présente avec sa rigueur habituelle et en s'interrogeant sur "le plan Mongommery et Bradley qui n'avait ni réussi son effet, ni imposé une force écrasante"  pis plus loin indique " On apprit  après la guerre  que les américains avaient commis une autre erreur en évaluant les forces...". Il évoque le "vomi" et les  soldats à aiguillonner avec un "encouragement donné l'arme au poing". Il insiste régulièrement sur les pertes "horribles"  avec "9 hommes qui survécurent sur 31", les "armes enrayées", la confusion et surtout sur "l'apathie' de GI's qui "pouvaient remuer les membres mais refusaient de répondre ou d'agir" "traumatisés", il fallait donc "contraindre les hommes" pour éviter "le chaos qui régnait", "la plage n'était qu'un énorme amas de ferraille, d'hommes et de véhicules". Il estime que chars et destroyers jouèrent un rôle important  et permit le regroupement des forces. Il conclut  en précisant que même si les pertes étaient inférieures aux estimations,cela "n'atténua en rien le choc du massacre de la première vague" et termine avec cette phrase " Omaha devint une légende américaine, mais une vérité plus cruelle allait se faire jour dans les combats à   venir."
  • Olivier Wiervorka dans "Histoire du débarquement en Normandie" (420 pages)  globalise le débarquement, et précise que "ni le bombardement aérien, ni le bombardement naval n'avaient réellement entamé les défenses allemandes. De rudes épreuves attendaient les hommes.." Il évoque Omaha uniquement sur 4 pages  (1%) avec beaucoup  de  concision à plusieurs reprises, d'abord pour indiquer que "l'armée américaine frôla la catastrophe" en précisant le rôle de la "marée", des "hommes surchargés", du désordre, des pertes humaines (40% de l'effectif) et matérielles. Pour lui, l'approche des destroyers et l'arrivée des officiers débloque la situation. Il termine  sa description en évoquant les pertes et  "Cette victoire fut gagnée au prix fort".

Ce rapide descriptif montre que l'importance  des évènements consacrés à Omaha sont très différents par leur interprétation ( importance, forme et contenu) selon les auteurs, mais dans tous  les cas, Omaha n'est qu'une bataille sanglante parmi beaucoup d'autres. Seul C Ryan insiste sur cette plage pour y consacrer 16% de son ouvrage.



Des allemands impuissants et incapables de réagir

Tout le monde pense que le mur de l'Atlantique est une réalité : les allemands sont confiants, les alliés en ont peur. En fait, ce fameux mur célébré par la propagande allemande n'aura pas tenu longtemps : en moyenne il aura fallu une seule heure aux alliés pour le traverser sauf à Omaha (une bonne demi-journée en raison des défenses positionnées sur la falaise et des râtés du bombardements) ;  les obstacles sur les plages puis le mur de l'atlantique  retardent donc   à peine les alliés. C'est bien la puissance du feu allié qui l'a emporté sur des allemands incapables de réagir.

De plus la Kriegsmarine a été incapable de menacer l'armada alliée : le 4 juin  après le bombardement des vedettes dans le  port du Havre , ce sera définitivement fini pour cette marine qui a perdu  à la mi-juin une trentaine de navires situés dans la Manche. Quelques torpilles et mines  gêneront encore les alliés, mais leur principal ennemi sera ...la tempête !

La Luftwaffe est aussi absente, elles se contente de monter la garde avec ses 688 chasseurs présentes début juin, mais perd en moyenne  38 chasseurs par jour (1040 début juillet). sans bon pilotes, manquant d'essence et d'aérodromes localisés trop loin, l'aviation allemande effectue  quelques centaines de sorties par jour face aux  14.000 sorties alliées, rien que le jour J. Les allemands sont dépités : "un avion gris est américain, un avion noir britannique, un avion invisible est allemand".

Les forces terrestres se déplacent trop lentement (et de nuit). Ainsi la 2° Panzer stationnée dans la Somme à 260 km arrive sur le front le 13 mais n'est opérationnelle que le 20 juin. C'est pareil pour  la 3° Division de parachutistes qui met 6 jours pour faire  217 km de Bretagne à Saint Lô. La panzer Lher quitte Chartres le 6 juin à 17H, attaquée par l'aviation, elle perd 30 véhicules avant la nuit et,  au matin, une nouvelle attaque détruit 80 halftracks, 130 camions, 5 tanks. Elle subira à nouveau de très lourdes pertes lors de l'opération"Cobra".

Les allemands ne savent que faire, Rommel et Rundstedt veulent changer les plans le  17 juin, ne croyant plus à un second débarquement, Hitler refuse car il croit en ses V1 et V2.

Si les allemands ont échoué pour empêcher le débarquement, ils ont par la suite contenu les alliés et freiné leur avancée. La bataille du débarquement a été gagnée mais la guerre  se continue et il sera difficile de sortir de Normandie. 



L'histoire retient surtout, et avant tout, l'exploit du débarquement transformé en épopée glorieuse et mythique.
Et pourtant a reconnu, plus tard, le général Eisenhower  :"Tout ce qui était susceptible de rater a raté"