Prisonniers de guerre

Pendant la guerre, les armées alliées ont de manière générale traité les prisonniers de l'Axe en stricte conformité avec la Convention de Genève (1929). Certaines violations ont cependant été constatées. Selon Stephen E. Ambrose, des quelques 1000 anciens combattants américains qu'il a interrogés, un seul a admis avoir tué un prisonnier. Cependant, un tiers lui ont dit qu'ils avaient vu des soldats américains tuer des prisonniers allemands. 

Il n'existe pas ou de rares sources qui évoque le sort des prisonniers de guerre. Le cinéma, par contre, montre, dans de courtes scènes des exécutions : Dans le le film de Spielberg,  "Saving Private Ryan", sur Omaha, un Gi   crie  : "Ne tirez pas, laissez-les brûler", en parlant des Allemands. Ensuite des G. I. tirent sur des Allemands se rendant les mains en l’air. 
Zanuck, dans le "Le jour le plus long" n’a pas hésité non plus à faire figurer une scène de crime de guerre dont se rend coupable un Ranger à la Pointe-du-Hoc. Cette  sera incriminée mais finalement conservée malgré le reproche du pentagone "une scène contestable" (des soldats allemands se rendent mais sont abattus par des GI's qui ne comprendraient pas pas les paroles allemandes)
Il est évident que ces scènes fictives ne reposent que sur l"imagination" du réalisateur même si l'on sait que cela a pu exister... mais autrement.



A Saint-Côme-du-Mont en juin 1944, un parachutiste de de la 101st Airborne et un prisonnier allemand. 

Cette situation à sûrement été mise en scène par le photographe.(source)


Les prisonniers allemands à Omaha

Le jours J, il est probable qu'un grand nombre d'allemands qui voulaient se rendre furent immédiatement exécutés et que, dans la violence de la bataille, les Gi's ne se sont pas encombrés des prisonniers allemands même s'il y eut effectivement le 6 juin des allemands prisonniers, utiles pour obtenir des enseignements. De toute évidence, à la pointe du Hoc et sur la plage d'Omaha les prisonniers sont rares le  6 juin ;  à Utah 25 prisonniers du 795° Bataillon géorgien furent exécutés.  Il semble que le commandement ait donné l'ordre de ne pas faire de prisonniers lors de la phase de débarquement car ils auraient ou être un "handicap" lors d'un moment critique, ce qui peut se comprendre mais ce qui est illégal et considéré comme crime de guerre. Dans tous les cas, le comportement des allemands (non traité ici) s'est  révélé particulièrement odieux, ils tuèrent systématiquement tous leurs prisonniers. Par la suite les américains, souvent épuisés et nerveux,  ont parfois fusillé sur place de allemands surtout les SS, détestés,  au nom  d'une "cause juste", il semble que les britanniques étaient plus respectueux, mais on manque, bien sûr, de données.

Les rares estimations (non vérifiables) donnent pour Omaha !
-Le  6 juin :  environ 66 prisonniers  dont 37 blessés
-Le 7 Juin :  415 prisonniers
-6 au 26 Juin : 3574 prisonniers dans la tête de pont d'Omaha

Les prisonniers sont fouillés, interrogés et installés dans un camp au Ruquet . Les blessés seront transportés vers l'Angleterre par des barges. Beaucoup de prisonniers  à Omaha travailleront d'abord dans les cimetières provisoires pour y creuser des tombes, ensuite ils nettoieront la plage  des débris (obstacles allemands et  matériel détruit), d'autres effectueront du déminage. On raconte aussi que le 6 juin, ils furent contraints de pénétrer en tête sur les champs de mines pour ouvrir la voie.


Le 6 juin des prisonniers Allemands 

à côté de GI morts, sous la falaise de Colleville
Prisonniers rassemblés Rassemblements de prisonniers sur la plage, 7 juin probablement
Embarquement de prisonniers Colonne de prisonniers remonte la côte du Ruquet, probablement pour travailler, plusieurs jours après le 6 juin prisonniers partant au travail. Au premier plan les débris d'un pieu, reste des obstacles de plage.
Prisonniers allemands travaillant sur l'aérodrome Prisonniers allemands
creusant les tombes
Corvée de prisonniers, St-Laurent, vers le 10 juin

Ensuite, on peut considérer que les américains ont beaucoup mieux respecté la Convention de Genève.
Effectivement, on voit beaucoup de prisonniers allemands capturés dans les premières semaines des combats, transiter par les plages afin d' être embarqué pour des camps en Angleterre, ou aux Etats-Unis probablement pour y être interrogé puis pour travailler.


Les témoignages d'exécution demeurent rares, le seul que l'on retrouve fréquemment est raconté par Bernardin B. un jeune homme qui servait de guide à un groupe de parachutistes de la 101e division aéroportée, il fut, le 6 juin dans l'après-midi , le témoin d'une exécution de prisonniers de guerre, par des paras. (voir le récit)


Dans le Calvados et en France, que deviennent les prisonniers ?

Dans le Calvados, une fois la France libérée,  la présence de mines est particulièrement dangereuse pour la population surtout pour les  enfants et agriculteurs qui sont les plus touchés. Le seul département du Calvados compte 18 000 ha minés et l'on dénombre, en tout et pour tout, six équipes de déminage, opérant sur l'ensemble du territoire. Pour accélérer le ramassage des mortelles galettes, le ministère de la Reconstruction dispose de 50 000 prisonniers allemands. Curieusement, la convention de Genève n'interdit pas expressément qu'on les utilise dans des travaux de ce genre et l'ONU fait discrètement savoir au gouvernement français qu'elle fermera les yeux. La besogne sera finalement accomplie en un temps record. En un an, 13 millions de mines seront neutralisés, au prix de 2 500 morts et de milliers de blessés ! Pour la plupart, des conscrits vert-de-gris prisonniers. Mais personne ne jugea nécessaire d'avoir un mot de compassion pour les démineurs fedgrau (couleur des uniformes de l'armée allemande ).


En France, après guerre, on compte environ 200 000 prisonniers gardés par les forces françaises, régulières ou non, auxquels il faut ajouter 800 000 autres qui furent gracieusement "rétrocédés" par les alliés.
Leur sort, dans un premier temps, guère enviable fut celui des prisonniers du Calvados, donc employés au déminage où 1 800 d'entre eux laissèrent la vie.
Ensuite, on les employa à sa reconstruction, ainsi en 1947, 110 000 Allemands étaient mineurs de fond, 44 000 mineurs de jour, 130 000, plus heureux, employés aux travaux des champs. Main-d’œuvre, pratiquement gratuite, qui eut sa part dans le relèvement de notre économie.
Mais il ne faut pas oublier que de nombreux autres prisonniers croupissaient dans des prisons ou dans les camps, certains furent incités à s'engager comme volontaire pour aller se battre en Indochine.

Au 1er Janvier 1948, il y avait encore en France 300 000 prisonniers de guerre allemands mais rapidement, la plupart seront  rapatriés, les autres (137 987 prisonniers de guerre) opteront pour un statut de travailleur civil libre.



La sale guerre des allemands


La violence des combats provoqua l'apparition d'atrocités dont les Alliés n'avaient pas l'idée en débarquant. Des parachutistes pendus dans les arbres furent émasculés. Plusieurs fois, les SS exécutèrent leurs prisonniers et l'on sait qu'ils fusillèrent nombre de résistants.
Le massacre de la prison de Caen, le 6 juin 1944, est révélateur, alors que les Alliés prenaient pied sur les côtes normandes, les nazis fusillaient froidement 87 prisonniers détenus à la maison d'arrêt de Caen dont les résistants du réseau Alliance originaires d'Omaha, les corps n'ont jamais été retrouvés. Toutefois, récemment, l'historien J Quellien émet de nouvelles hypothèses.

Les Allemands laissaient derrière eux toutes sortes de pièges destinés à tuer ou à mutiler leurs adversaires : cadavres cachant des explosifs, mines antipersonnel qui explosaient à la hauteur de l'entrejambe, bombes dissimulées dans les maisons ou dans le matériel abandonné. 

Les prisonniers de guerre français de la Seconde Guerre mondiale, au nombre de 1 845 000, capturés par les armées du Troisième Reich après la capitulation française pendant la bataille de France durant l'été 1940, furent envoyés dans des camps en Allemagne. Environ un tiers des prisonniers français furent libérés sous diverses conditions. Pour le reste, les officiers et sous-officiers furent maintenus dans des Offizierslager (des camps d'officiers ou « Oflags ») sans travailler conformément aux Conventions de Genève.
À partir de 1942, dans le cadre de la politique de la "relève" menée par le gouvernement de Vichy, environ 210 000 prisonniers sont "transformés", c'est-à-dire qu'ils restèrent en Allemagne, mais devinrent en théorie des travailleurs civils. Ils logent alors dans des camps spécifiques, dénommés camps de travailleurs. Ils travaillent pour les Allemands, notamment l’organisation Todt, en théorie sont payés mais leur condition de vie sont médiocres et la
 situation sanitaire  précaire
Environ la moitié d'entre eux travaillèrent dans l'agriculture allemande, les autres  dans des usines ou des mines, où les conditions étaient beaucoup plus sévères.


Toutefois, c'est en URSS que les crimes nazis contre les prisonniers de guerre soviétiques furent les plus odieux et les plus nombreux. Environ 5 400 000 prisonniers de guerre soviétiques furent capturés par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, la plupart d'entre eux lors de l'opération Barbarossa sur le front de l'Est. L'Allemagne nazie mit en place une véritable politique d'extermination à leur égard. En décembre 1941, plus de 2,4 millions de soldats de l’Armée rouge furent faits prisonniers. La plupart d'entre eux furent victimes d'exécutions sommaires ou de conditions inhumaines dans les camps de prisonniers de guerre allemands, ou encore expédiés dans les camps de concentration et d'extermination. Enfermés, délibérément affamés et laissés sans soins médicaux contre les maladies ou le froid, plus de 2 millions d'entre eux moururent la première année de la guerre contre l'Allemagne.
Sur un total de 5,4 millions de soldats de l'Armée rouge capturés sur le front de l’Est, 3,6 millions moururent en captivité, soit environ 60 % d'entre eux.