Des femmes présentes au débarquement

On parle très peu des femmes pendant pendant la seconde Guerre Mondiale, elles ont endossé beaucoup de rôles différents au cours de la guerre, allant de combattants à travailleurs.

A Omaha, les femmes honorent les femmes ! 


Le Yankees Group organise depuis huit ans la cérémonie "Omaha's Nurses Return" pour se souvenir du rôle des femmes militaires ou civiles dans l'effort de guerre.
Chaque dimanche  (proche du  6 juin) , une centaine de femmes en costume d'infirmières rendent hommage aux nurses américaines et britanniques qui ont elles aussi débarqué sur les plages de Normandie. Ces passionnées d'histoire ont pour l'occasion sorti leurs plus beaux costumes d'époque. « Voici dix ans, nous étions sept. Au 70e anniversaire, nous étions plus de cent. Aujourd’hui, des femmes viennent spécialement de Belgique, d’Angleterre, des Pays-Bas et même d’Hawaï » , indique Valentine Depauw, créatrice de ce rassemblement.Selon les années elles rendent  des hommages spécifiques : Raymonde Jeanmougin, dernière Rochambelle, l’une des ambulancières rattachées à la célèbre 2e division blindée du général Leclerc, et à Margot Duhalde, seule aviatrice des Forces françaises libres pendant la guerre, pilote dans l’Air transport auxiliary (1942-1945) puis colonel de l’armée de l’Air chilienne. Et surtout Jean Tierney, infirmière volante entre 1943 et 1945, et son mari Edward, pilote de Dakota C47, âgés de 98 ans, ils espèrent revenir en 2019. 

En effet, les nurses américaines avaient débarqué à Saint-Laurent-sur-Mer le 10 juin 1944, jour de création du premier hôpital de campagne allié. L’unité médicale soignera 5 300 blessés et permettra l’évacuation de centaine de soldats vers l’Angleterre grâce au pont aérien de l’aérodrome A1. Durant la Seconde Guerre mondiale, 201 infirmières perdirent la vie. 1 600 furent décorées.



Les femmes dans le débarquement
Les États-Unis, au contraire des russes, n'ont jamais envoyé de femmes au combat. En effet l'opinion publique américaine de l'époque n'y était pas favorable. Au lieu de cela, comme dans d'autres pays, environ 350 000 femmes ont participé en tant qu'auxiliaires non-combattantes dans les forces armées américaines. Ces rôles pouvaient inclure : l'administration, infirmières, chauffeurs de camion, mécaniciennes, électriciennes, auxiliaires et pilotes...

Pilotes 

Comme la RAF recrutait du personnel féminin au sein de l'ATA ( Air Transport Auxilary), en 1942,  aux États-Unis,  deux escadrons de transports civils aériens sont créés :le Women's Auxiliary Ferrying Squadron (WAFS) et le Women's Flying Training Detachment (WFTD). Ils  fusionnent à l'été 1943  pour devenir le  WASP (Women Airforce Service Pilots),  commandé par une femme, Jacqueline Cochran au Texas.

Elizabeth L. Gardner, au pilotage d'un B-26 Marauder.


Ces femmes pilotes font partie de la fonction publique, mais assurent comme "civil" à diverses missions, en particulier de transport, convoyage, ce qui coûta la vie à 38 WASP.
Leur reconnaissance fut très tardive, en 1977, le président Jimmy Carter signe enfin une loi qui leur accorde un statut militaire, puis en 1984, chaque vétéran reçoit la World War II Victory Medal.

Infirmières
Nombre d 'infirmières se retrouvèrent en France pour soigner les blessés, telle  Jean Tierney dont l'histoire est évoquée ci-dessous, au total, elles furent 65 000 infirmières américaines à servir pendant la Seconde Guerre Mondiale.
D'autres sont devenus célèbres telles les sœurs Ellan et Dorothy Levitsky, américaines et juives qui s'engagent en avril 1944 en exigeant de ne jamais être séparées. Elles débarquent à Cherbourg le 24 septembre et sont affectées au 164th Général Hospital de Bolleville dans la Manche, où 5 700 soldats alliés furent soignés. Dorothy déclara "On regardait ces gamins qui avaient perdu un bras, une jambe. Il fallait bien leur donner de l’espoir. Sinon, comment s’en sortir"


Ouvrières
De plus, comme beaucoup d'hommes sont partis au front et que les besoins sont toujours croissants, les chaînes de production américaines manquent de bras, six millions de femmes vont remplacer les hommes dans les usines pour produire du matériel de guerre et des armes. On les surnomme "Rosie la riveteuse"  en raison de leur poids économique et elles deviendront ensuite des féministes actives.

Rosie, une icône féministe,
Symbole du poids économique naissant de la femme en Amérique



L'histoire de Jean et Edward Tierney

Le 6 juin 2012, ont reçu l'insigne de chevalier de la légion d"honneur, pour "avoir rendu service à la France",  le lieutenant Edward Tierney, ancien pilote américain âgé de 89 ans et son épouse, Jean Tierney, ancienne infirmière en 1944, âgée de 90 ans.

La rencontre entre Edward et Winna-Jean ne date pas tout à fait du D-Day mais du 13 juin 1944. En avril, Edward a été envoyé en Angleterre au sein du 314e groupe de transport aérien. Il est affecté à Grove, près d'Oxford. À bord d'un Dakota C47, il a pour mission d'acheminer des munitions, des vivres et du matériel depuis le sud de l'Angleterre. Au retour, il est chargé de rapatrier les blessés du continent vers l'Angleterre, après le Débarquement.
"Pendant la guerre, le Génie a aménagé le premier aérodrome en France en deux jours, là, à Saint-Laurent, sur le haut du plateau du Ruquet ", se souvient Edward Tierney. "Je décollais sur mon Dakota C 47 du sud de l'Angleterre avec des munitions, des vivres, du matériel et tout ce dont les troupes avaient besoin." 
Au retour, il ramenait des blessés. « Cette méthode, nous l'avons pratiquée sur plus de cinquante aérodromes en Normandie, puis dans toute la France et jusqu'en Allemagne. »

Winna-Jean, sa future femme, infirmière volante dans le 806e escadron médical d'évacuation aérienne depuis juillet 1943, est transférée à Grove en juin 1944. C'est à ce moment qu'elle vole au secours des alliés blessés, à bord du Dakota d'Edward qui atterrit pour la première fois en Normandie le 14 juin sur l'aérodrome de Saint-Laurent. 
Pour accompagner les blessés dans l'avion, il y avait une infirmière et une technicienne. "Les vols n'étaient pas toujours faciles mais ils étaient rapides : 45 minutes entre le décollage de Saint-Laurent et l'arrivée en Angleterre, se souvient Winna-Jean, 90 ans. Nous n'avions que peu de soins à leur donner, juste les gestes de base."


Edward et Winna-Jean ont évacué des prisonniers de guerre, des victimes des camps de concentration. La guerre terminée, le pilote Edward Tierney a épousé l'infirmière Jean, le 26 juin 1946. Trois enfants sont nés de leur union, l'un d'eux sera tué au Vietnam en 1968. Edward est resté réserviste dans l'Air Force jusqu'à ses 60 ans. Dans le civil, il était entrepreneur dans le bâtiment.

Ces deux héros ne se sont jamais quittés et reviennent le plus souvent possible  à Saint Laurent, le musée Mémorail leur a consacré une vitrine dans laquelle sont exposés leurs souvenirs.



Les femmes du cimetière américain

Il faut rappeler aussi que des femmes sont enterrées au cimetière américain de Colleville 4 femmes sont enterrées :
- une auxiliaire de la Croix rouge Elisabeth  A Richardson décédée le 25 juillet 1945  à l'age de  26 ans d'un accident d'avion (A5 tombe 21). Elle s'engage au début de l'année 44 comme employée civile (personnel non militaire) dan sla Croix rouge américaine et travaille en Grande Bretagne et en France dans un "clubmobile" (camion aménagé pour servir cafés, doughnuts...) aux soldats stationnés dans les camps. Le  25 juillet  1945, elle prend un avion qui s'écrase accidentellement près de Rouen. C'était aussi une artiste reconnue et désormais un prix porte  son nom au salon annuel de l'art du Wisconsin.
[complément]







Trois  femmes auxiliaires noires du secteur postal (WAAC) sont enterrées : sergent D M Brow (F 13 tombe 19), PFC M J Barlow (A 19 tombe 30) , et M H Bankston (D 20 tombe 46) tuées dans un accident de route le 8 juillet 1945 près de Saint Valéry en Caux. Elles triaient les lettres de plus de 7 millions de soldats américains. Ce bataillon était exclusivement composé de 885  femmes noires et dirigé par le lieutenant colonel Charity E Adams, la femme noire la plus gradée de toute la seconde guerre mondiale. 

Le colonel Charity E Adams et le capitaine Abbie N Campbell
 inspectent le contingent du 6888° bataillon postal en Angleterre





Conclusion
Ces femmes ne portaient pas les armes, mais furent partout présentes sur tous les théâtres d’opérations, y compris à Omaha. Leur dévouement n’a jamais faibli, sur le terrain, elles se sont toujours dépensées sans compter pour réconforter les soldats et rendre service, soigner les blessures, accompagner les derniers instants des mourants, et même, certaines ont piloté des avions.
Elles aussi, il ne faut pas les oublier.


En complément un dossier de présentation du rôle des femmes pendant la seconde guerre mondiale.

Les françaises face à un régime politique autoritaire et collaborateur.
  • La femme sous Vichy 
Le régime de Vichy rend les femmes responsables de la défaite de 1940 (trop insouciantes dans les années qui ont précédé la guerre, pas assez fécondes), il les désigne pour cibles et veut leur imposer de rester à la maison pour faire des enfants. Le régime sacralise au contraire la famille et le rôle de la mère. Leur activité professionnelle est également interdite, en particulier dans la fonction publique, et les embauches féminines sont pénalisées, mais cette mesure est levée au bout d’un an (septembre 1942) car elle est  impossible à tenir en l’absence des hommes (prisonniers de guerre, STO) ; les femmes forment le « front de l’intérieur » et deviennent des soutiens essentiels de l’économie et de la société  car elles gèrent le ravitaillement). La sexualité féminine est fortement encadrée : l’adultère est réprimé, la capacité de divorce restreinte et l’avortement devient un crime contre l’État. Cependant les naissances illégitimes se multiplient, tandis que la loi du 2 septembre 1941 autorise les accouchements sous X.
  • La femme et la collaboration
La collaboration est lancée à Montoire par le Maréchal Pétain le 24 octobre 1940. Il s’agit pour lui d’adoucir le sort des Français, de rendre les conditions d’occupation moins difficiles pour la population, d’aider la France à trouver sa place dans le nouvel ordre nazi. La France accepte de verser à l’occupant des réparations de 20 millions de marks, qui représentent une large part de son PIB. Ces versements entrainent une situation de pénurie et un rationnement qui touche toute la population. La main d’œuvre française est mise à contribution pour l’Allemagne : on incite les volontaires français à partir travailler en Allemagne et la politique de Relève mise en place en 1942 doit permettre d’échanger un prisonnier français contre trois travailleurs puis le Service du travail Obligatoire est imposé à partir de février 1943. 
A la fin de la guerre, la moitié de la population active française, hommes et femmes, travaille pour l’occupant, dont 70 000 femmes en Allemagne. La collaboration prend également des aspects idéologiques : Le Groupe Collaboration, Le Parti Populaire de Doriot et le Rassemblement National Populaire de Marcel Déat qui compte un quart de membres féminins , adhèrent à l’idéal nationalsocialiste. Des femmes sont intégrées comme infirmières ou secrétaires à la Milice Française de Darnand, créée en 1943 pour appuyer la Gestapo dans sa traque des Juifs et des Résistants. 

Enfin, les femmes pratiquent également une forme de collaboration « horizontale » en acceptant d’avoir des relations sexuelles avec des soldats allemands. Des couples mixtes se forment. Ce sont des pratiques très tôt dénoncées et qui donnent lieu à des tontes de femmes dès 1943. Des milliers d’enfants naissent de ces relations.

  • La déportation des femmes 
La collaboration d’état comporte également un large volet racial. Un premier statut des Juifs est édicté le 3 octobre 1940, puis il est interdit aux Juifs d’accéder à la fonction publique et à de nombreuses professions et le 29 mars 1941, un Commissariat général aux Questions Juives est créé.
Les arrestations de juifs  opérées par la police française  s'accélèrent. Le premier convoi de femmes part en mai 42, moment où l’étoile jaune devient obligatoire en zone occupée (7 juin 42, )puis en zone libre (Novembre 42).
Les 16 et 17 juillet 1942, la Rafle du Vel’d’Hiv à Paris entraine l’arrestation de 13 152 Juifs « apatrides » dont 5 802 femmes et 4 051 enfants. De nombreuses rafles se multiplient dans toute la France : 7000 personnes sont déportées en août 42. Au final, 75 528 Juifs sont déportés de France durant la guerre, parmi lesquels 31 625 femmes : les deux tiers d’entre-elles, accompagnées d’enfants ou trop vieilles pour travailler, ne franchissent pas la sélection et meurent quelques heures après l’arrivée du train. 
913 survivantes rentrent en 1945.

Les femmes prennent part  à la guerre
  • Dans les combats 
Plusieurs centaines de milliers de femmes ont servi dans les combats
Certaines femmes participent aux combats durant la seconde guerre mondiale. Elles ne sont pas seulement infirmières : certaines s'engagent dans des corps spécifiques (auxiliaires féminines de l'armée de terre dans l'armée française, Women's Auxiliary Air Force dans la Royal Air Force). Elles servent par exemple dans les stations radars et les services de communication, ou manipulent les batteries de DCA.

Dans l'Armée rouge, les femmes conduisent des chars, pilotent des avions de chasse ou manient le fusil avec adresse, comme la célèbre tireuse d'élite Lioudmila Pavlitchenko.


Les États-Unis, au contraire des russes, n'ont jamais envoyés de femmes au combat. En effet l'opinion publique américaine de l'époque n'y était pas favorable. Au lieu de cela, comme dans d'autres pays, environ 350 000 femmes ont participé en tant qu'auxiliaires non-combattantes dans les forces armées américaines. Ces rôles pouvaient inclure : l'administration, infirmières, chauffeurs de camion, mécaniciennes, électriciennes, auxiliaires et pilotes.

  • Dans la résistance 
Les femmes ont également pris part à la guerre hors du cadre militaire classique, au sein des résistances françaiseitalienne et polonaise, ainsi que dans les SOE britanniques et l'OSS américain.
Peu nombreux et isolés au début de la guerre, les résistants se multiplient et entrent dans la clandestinité à partir de 1941. À Londres, ils se regroupent autour du général de Gaulle, qui sera reconnu chef de la France Libre par les Alliés, il fédère autour de lui les FFL :7000 hommes et femmes en 1940. Ils sont 60 000 combattants en 1944, parmi lesquels 14 000 femmes (rassemblées en 1944 au sein de l’AFAT). 
Sur le territoire national, le nombre des résistants ne cesse d’augmenter.  Dès le départ, la Résistance est un mouvement mixte, qui implique une prise de risque. De nombreuses femmes accomplissent des tâches décisives pendant tout la durée de la guerre, mais marquées par leurs « rôles traditionnels » dans la société (couverture, ravitaillement, soins). Elles sont peu nombreuses à des postes de pouvoir, à quelques exceptions près.
Les femmes représentent de 20 à 30% des effectifs des réseaux de Résistance. Leur rôle est surtout de nourrir les soldats, les aviateurs ou les maquisards ou elles sont agents de liaison ou de transporter les tracts car aux yeux de la milice ou des allemands, elles sont moins suspectes que les hommes . Parmi ces femmes, quelques grandes figures se distinguent comme celles de Lucie Aubrac ou Danièle Casanova (, mais aussi Germaine Tillion, Genevière de Gaulle Anthonioz ou Marie-Claude Vaillant-Couturier.
Pourtant la répression contre les résistantes est aussi féroce que celle qui s’abat sur les hommes. 8 800 femmes sont déportées à Ravensbrück, le principal camp de concentration de femmes résistantes dont la mortalité est très élevée


Conquête des droits politiques féminins
  • Epuration 
Dans le cadre de la Libération et de l’épuration sauvage qui suit, le sort des femmes qui ont collaboré est vite décidé : de nombreuses femmes sont tondues à la Libération
  • Conquerir des droits et voter 
En 1942, de Gaulle déclare qu’une fois le territoire libéré, les femmes obtiendront le droit de vote et éliront l’Assemblée nationale : l’Assemblée consultative d’Alger leur accorde de droit de vote et d’éligibilité le 21 avril 1944, après néanmoins des débats (document 1). Cependant, les femmes ne sont guère distinguées pour leur action : il n’y a que 6 femmes sur 1059 compagnons de la Libération, 10% des résistantes seulement sont médaillées ou détentrices de la carte de Combattant Volontaire de la Résistance


=> ce dossier de présentation générale sur les femmes est directement issu de  cet excellent travail d'un enseignant que nous remercions 
https://matilda.education/app/pluginfile.php/1867/mod_resource/content/3/femmes_seconde_guerre_mondiale.pdf