71 ans après le Débarquement du 6 juin 1944 et la Bataille de Normandie qui a fait rage jusqu’au 22 août, de nouvelles découvertes dissipent les idées reçues. C’est l’objet du dernier livre de l’historien Jean Quellien, « Le jour J et la Bataille de Normandie ».
- Le film Le Jour le plus long est une horreur pour un historien
« L’impact du film est d’avoir pollué les mémoires. Depuis qu’il est sorti, tout le monde a répété ce genre de légende. Le film Le Jour le plus long est une horreur pour un historien ».
Avec « Le jour J et la Bataille de Normandie », le professeur Quellien revoit la copie. Son dernier livre, intitulé « Le jour J et la Bataille de Normandie », paru aux éditions Orep, marque un tournant parce qu’il rétablit beaucoup de contrevérités historiques. Y compris des faits relatés dans ses propres ouvrages.
Avec « Le jour J et la Bataille de Normandie », le professeur Quellien revoit la copie. Son dernier livre, intitulé « Le jour J et la Bataille de Normandie », paru aux éditions Orep, marque un tournant parce qu’il rétablit beaucoup de contrevérités historiques. Y compris des faits relatés dans ses propres ouvrages.
- Un quart de siècle de recherches au compteur
L’exemple le plus typique : la contre-attaque allemande à Mortain en août 1944. « Elle passe pour une surprise pour les Américains. Le général Bradley (un des principaux chefs des armées américaines, ndlr)laisse avancer les troupes allemandes pendant que les armées du général Patton remontent vers Alençon et Argentan. C’est le début de la Poche de Falaise ». Près de 100 000 hommes de la 7e armée allemande et de la 5e armée blindée sont pris au piège dans la poche qui s’étend sur 10 km de long et autant de large. C’est le début du massacre qui s’achève par la fermeture de la poche, à Chambois, le 19 août. Là encore, Jean Quellien revient sur le bilan de cette bataille.
- Le port artificiel d’Arromanches.
Souvent présenté comme une des clés de la réussite du Débarquement, le port artificiel construit le 7 juin n’a finalement pas eu l’impact que lui prêtent les livres d’histoire. « Le port artificiel d’Arromanches ne représente même pas la moitié du trafic anglais. C’est 15 % du trafic anglais lors du Débarquement. Omaha Beach, privée de son port artificiel, représente deux fois le trafic d’Arromanches. Les Américains, plus pragmatiques que les Anglais, sont revenus à des méthodes moins sophistiquées », explique l’historien Jean Quellien. Contrairement au port « Mulberry A » de Saint-Laurent-sur-Mer, sur Omaha, le « Mulberry B » édifié devant Arromanches n’a pas été détruit par la tempête du 19 au 22 juin 1944. Alors que les navires LST (landing ship tank) – avec leur fond plat et leur étrave ouvrante – ont permis de débarquer 13 500 tonnes de matériel par jours directement sur les plages lors de la dernière semaine de juin 1944, Arromanches n’a permis de débarquer que 3 500 tonnes de matériel en moyenne durant la même période.
- Pas de « Stalingrad » en Normandie
Il n’en reste pas moins que la Poche de Falaise a été un des « Plus grands champs de tuerie qu’aucun secteur de la guerre eût jamais connu », témoignait le général d’armée américain Eisenhower. Le 22 août au matin, la Bataille de Normandie est terminée. « La Bataille de Normandie est terminée, certes, mais la bataille en Normandie continue. La Basse-Normandie devait être libérée en trois semaines, il en faudra douze ».
- La Pointe du Hoc, à Cricqueville-en-Bessin.
« La grande question, c’est pourquoi les Américains ont donné l’assaut ». Les Allemands avaient positionné 6 canons à la Pointe du Hoc, un éperon rocheux qui s’avance dans la mer, situé sur le territoire de Cricqueville-en-Bessin. L’un des canons a été détruit par l’aviation le 15 avril. Les cinq autres ont été reculés à l’intérieur des terres. « Ce déménagement nocturne ne passe pas inaperçu. La résistance locale est alertée par les habitants d’une ferme », indique Jean Quellien. L’information parvient à Guillaume Mercader, responsable du réseau de résistance Centurie pour le Bessin. Le futur directeur du journal La Renaissance (de 1968 à 1980) estime que l’information est capitale. Elle est transmise aux alliés. « Ils décident de maintenir l’opération qui doit être conduite par un major. Ce dernier sait qu’il va envoyer ses hommes à la mort pour rien et - alcoolisé - il commence à l’ébruiter. Il est relevé par le lieutenant-colonel Rudder lui-même ». 200 rangers se lancent sous son commandement à l’assaut de la Pointe du Hoc. « L’opération n’a pas été inutile comme on l’a parfois dit puisque les canons avaient été remontés en position de tir ».
- Toujours de nouvelles découvertes, 71 ans après les faits
- Ce qu’il reste dans les petits carnets…
"La seule source qu’il reste, ce sont les témoignages que les gens ont consignés. Le 6juin 1944 au matin, des gens de tous les milieux ont noté ce qu’ils ont vu. Je suis persuadé qu’il reste encore de ces carnets à retrouver. Même si cette réalité est parfois un peu tronquée."
Jean Quellien retient l’exemple d’une paysanne près de Ranville. « Dans son petit carnet, la brave dame écrit que sa préoccupation, c’est d’aller voir le matin si ses vaches sont encore vivantes. Ça a d’ailleurs beaucoup surpris les Anglais de constater que les gens étaient d’abord préoccupés par leur quotidien ». Sans doute pour s’accrocher à quelque chose au cœur de l’enfer…
- Omaha Beach.
- 8 000 morts dans le Calvados
Le mardi 6 juin 1944 marque le début de la reconquête de la liberté de l’Europe. Et celui du martyre de la population normande à la merci des bombardements alliés et des tirs de l’artillerie de marine destinés à chasser l’ennemi ou éteindre les poches de résistance « comme à Trévières ou à Isigny. Leurs obus disloquaient toute contre-attaque ». La Bataille de Normandie, c’est 8 000 morts civils dans le Calvados, 20 000 en Normandie. « C’est la seule population française à avoir souffert autant », souligne Jean Quellien. « Au cœur de la bataille, on compte 2 millions de soldats alliés et un 500 000 Allemands alors que la Normandie compte un million d’habitants ».
« Un truc marrant à propos de Bayeux »La Renaissance Le Bessin consacrait un supplément au Général de Gaulle en 1990, année sacrée Année de Gaulle, célébrant le centième anniversaire de la naissance du Général.
À l’aube du 7 juin, de nombreuses villes normandes sont en ruine. Pas Bayeux. Lieu de détente pour les soldats en repos et les correspondants de guerre, la « capitale de la France libérée » sera aussi la ville dans laquelle le Général de Gaulle a prononcé son premier discours en France libérée, le 14 juin. Dans un Bayeux en liesse, il y en avait un pour qui cette fameuse journée ne fut pas vraiment une partie de plaisir.
La Renaissance Le Bessin consacrait un supplément au Général de Gaulle en 1990, année sacrée Année de Gaulle, célébrant le centième anniversaire de la naissance du Général.
- « C’est un truc marrant à propos de Bayeux »,sourit Jean Quellien.
« J’ai pu me procurer auprès de l’amiral Brac de la Perrière (président, depuis 1999, du Comité du Débarquement, fondé le 22 mai 1945 par Raymond Triboulet, premier sous-préfet de la France libérée, dont le siège est à Bayeux, ndlr) un texte extrait d’un journal britannique. Il s’agit du témoignage du major Sanderson qui conduisait la Jeep du Général ».
- Le Calvados de 1939 à 1945
Jean Quellien planche actuellement sur un nouveau livre. Il s’intégrera à une série sur les départements français pendant la guerre, de 1939 à 1945. « J’écris celui qui sera consacré au département du Calvados ». Une fois de plus, le lecteur aura l’occasion de faire des découvertes. « On parle toujours du D-Day et la Bataille de Normandie mais on oublie souvent les quatre premières années de l’histoire du Calvados durant le conflit, de juin 1940 à juin 1944 ».
Le jour J et la Bataille de Normandie : le résumé du livreLe dernier livre de Jean Quellien, Le jour J et la Bataille de Normandie, couvre trois grands axes de l’opération cet épisode de la Seconde Guerre mondiale. L'auteur remet en question bien des idées reçues et des légendes tenaces sur le sujet.
- Le dernier livre de Jean Quellien, Le jour J et la Bataille de Normandie
Les préparatifs de l’opération Neptune (le Débarquement, le parachutage des troupes et l’établissement des têtes de pont), le Débarquement et enfin, la Bataille de Normandie qui constituent l’opération Overlord jusqu’au franchissement de la Seine.
Au fil des 14 chapitres du « Jour J et la Bataille de Normandie », l’auteur consacre un encadré à certains faits lorsqu’il s’agit de faire la lumière sur certaines contrevérités historiques.
Il était bien nécessaire de proposer une nouvelle lecture
Le livre offre une vision globale mais précise des faits qui se sont déroulés en Normandie. De ceux qui n’ont pas eu lieu également… Jean Quellien tord le coup aux idées reçues ! « Sait-on que les Américains n’ont jamais eu, contrairement aux affirmations gaullistes, l’intention d’instaurer un gouvernement en France, l’AMGOT ? Sait-On que les pertes le jour J ont été sous-évaluées ? Que le commando Kieffer n’a pas véritablement enlevé le casino de Ouistreham ? Oui, il était bien nécessaire de proposer une nouvelle lecture du Débarquement et de la Bataille de Normandie », lance l’historien dans son avant-propos.
- Un sujet qu’on aurait grand tort de croire épuisé
« Le Jour J et la bataille de Normandie » par Jean Quellien, paru aux éditions Orep, Zone tertiaire de Nonant. 480 pages. 24,50 €.
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