Une bataille importante ...et les autres ? mais qui a gagné ?

Que représente ce débarquement : le point d'orgue de la deuxième guerre mondiale ou  une bataille importante... "historique" comme d'autres ?
Qu'apporte ce débarquement ? La victoire finale mais n'était-elle pas déjà  acquise par l'avancée russe ?  Alors  où se situe le "tournant de la guerre" ? qui a gagné la guerre et à quel prix ?

  • Le poids du débarquement face aux autres batailles 
Aujourd'hui encore, soixante-quinze ans après le débarquement du 6 juin 1944, les historiens mais aussi les politiques et les Etats se disputent encore sur le sens à donner à cet événement gigantesque, comme  d'ailleurs pour d'autres évènements comme par exemple  Stalingrad, reconnue comme "le tournant de la guerre".
Alors quelle bataille faut-il glorifier mythifier ? Laquelle est plus décisive qu'une autre ? d'ailleurs pourra-t-on être d'accord sur le choix ? Sur quel thème faut-il se baser ?
-Bataille  la plus longue: Guadalcanal  dure  6 mois, Stalingrad 6 mois, Cassino 4 mois,  Moscou 3 mois, Bataille de Normandie 2 mois, Koursk 48 jours, Berlin 10 jours
-Nature de la bataille :  urbaine à Stalingrad et  Berlin ;  dans le désert à Tobrouk (1941) El Alamein (1942) Kasserine (1943) ; Blitzkrieg : Bataille de France (1940) , Barabarossa (1941), Koursk (1943), Cobra (juillet 1944) ;  débarquement : Normandie sur du sable et  Pacifique sur des  atolls, île par île
-Bataille meurtrière : Stalingrad (1,4 M  russes en 6 mois) Bataille des Ardennes (200.000 morts en  40 jours) Koursk (1,2 M de russes en 48 jours en  1943) Iwo Jima (27.000 morts en 37 jours   sur 21 km²  )
-Prisonniers : Barbarossa (3,3 M de prisonniers russes) Moscou (500.000 prisonniers russes) Tunis (130.000  allemands en mai 1943) Stalingrad (110.000 allemands)
-Bataille de chars : Koursk (1943) 3300 chars face à face, en Normandie  les Opérations Goodwood et Totalize,
on pourrait y ajouter.... les batailles et attaques aériennes, navales, les sièges...
-Bombardement : Dresde, le 13 février 1945 : 25.000 morts sur 740.000 habitants ; Atomiques américains au Japon, les 6 août et 9 août 1945  à Hiroshima de 100.000 à 170.00 morts et à Nagasaki de 60.000 à 80.000 morts ; Tokyo (bombes incendiaires napalm) 10 /03/45 : 100.000 morts ("les Japonais devaient être brûlés, bouillis et cuits à mort ")
-Forces engagées :  Barbarossa avec 4 M d'allemands face à 3M de russes (?),  Koursk avec 2 M de russes face  à 1 M d'allemands, Débarquement du 6/6/44 :126.177  alliés face  à 30 à 50.000 allemands.. Bataille de Normandie :  1 M d'alliés (11/06) puis 2 M (21/08) face à  400.000 allemands.

Tous ces chiffres catégorisés sont impressionnants mais sortis de leur  contexte, ils  n'apportent que de l'émotion et de l'effroi. Peut-on mesurer et attribuer une "importance  historique" à un évènement plus qu" à un autre dans une guerre "mondiale"  qui dure  "6 ans"  sur "plusieurs fronts" sur "plusieurs continents" où l'on se bat dans les airs, sur la mer, sur terre"?

Traditionnellement, on attribue  à "Stalingrad" (Juillet 42-Février 1943) la palme  pour être le "tournant de la deuxième guerre mondiale", déjà il faut donc en exclure le Pacifique,  or Midway qui se déroule le 3 Juin 1942 met un terme à l'avancée japonaise dans le Pacifique (encore un tournant...pour...?) confirmée par Guadalcanal ( Février 1943) qui marque la reconquête offensive américaine dans le Pacifique. Dés fin 1942, l'attaché militaire allemand à Tokyo  ne croit plus en une victoire possible. Et, pour le Pacifique, des historiens  (C Weinberg) pensent que c'est l'occupation de Madagascar par les alliés en 1942 qui, en régnant sur l'Océan Indien,  scelle le destin du Reich et du Japon en les empêchant définitivement de faire une jonction. Pour le front Est (voir ci-dessous) s'il existe un tournant, Stalingrad, c' est avant un tournant psychologique, car le  tournant (basculement)  définitif est  représenté par la bataille de Koursk, dernière grande offensive nazie à l'est,
Pour l'Europe,  d'autres historiens pensent que la défaite des U-Boote ("Black may" 1943)  a une importance stratégique majeure pour la bataille de l'Atlantique puisque désormais  rien ne peut empêcher un débarquement naval.
Pour l'Afrique,  en  1942, les défaites des germano-italiens à Al Alamein  couplée au débarquement américain au Maroc et en Algérie (Novembre 1942) suivi en mai 1943  de la capitulation des allemands  à Tunis représentent aussi un "tournant" avec la maîtrise de la Méditerranée qui permet de faire le pont vers l'Italie et multiplie les fronts.
Est-ce qu'une bataille gagnée brillamment  (victoires allemandes en France, à Minsk, Kiev) fait la décision, et  à l 'inverse, une défaite (Pearl Harbor). Non, isolée du contexte, une bataille n'est  rien.
De plus les "tournants" ne sont pas toujours associés à des "batailles", ils peuvent être aussi des décisions qui orientent la guerre vers de nouveaux horizons imprévus, pour l'ennemi :
-en 1940 : Churchill ne dépose pas les armes et Roosevelt le soutient
-1941: Barbarossa surprend mais échoue aux portes de Moscou
-Pearl Harbor fait rentrer activement les USA dans la guerre  mais avec cet objectif : "Germany first"
-La conférence de Téhéran du 1°dec 1943 qui scelle un accord militaire et politique "Est-Ouest"


De même des décisions militaires peuvent se révéler catastrophiques, cela a été surtout le cas des décisions prises par Hitler. Ainsi pendant l'été 1940, Hitler cible, par efficacité, des bombardements sur les ports, usines d’armement et aérodromes du sud-est de l’Angleterre (sans toucher aux villes) mais suite à une erreur, une bombe est larguée sur Londres. En riposte, Churchill bombarde, le 26 Août, Berlin, et, Hitler se venge en ciblant désormais les villes anglaises. Mais le 15 septembre, l'aviation anglaise détruit une cinquantaine de chasseurs et bombardiers allemands repérés par les radars. Hitler suspend se attaques et c'est un miracle pour l'Angleterre.
Par ailleurs toutes les options de réaliser une paix séparée, idée soumise par les alliés du Reich et des militaires dès 1942, fut toujours rejetées par Hitler. De même, les erreurs stratégiques furent très nombreuses, ainsi, sur le front russe la dispersion des forces dés juin1941 vers quatre directions, l'obstination sur Stalingrad montrent son absence de stratégie à moyen terme....Hitler est un piètre militaire empêtré dans ses hésitations, ses désaccords avec ses officiers, sa confiance excessive, sa brutalité et son aveuglement idéologique.

Au-dessus de tous ces faits d'armes ou décisions historiques règne l'essentiel, en fait, ce qui  a été déterminant, c'est tout simplement la puissance économique qui se décline sous divers aspects fondamentaux : l'approvisionnement en  pétrole est essentiel de même que la production de matière première qui permettent  de produire de l'armement varié, et surtout innovant,  mais implique aussi une mobilisation humaine sur le front, dans les usines et  à l'arrière. Si le Reich et le Japon étaient en avance avant  1940, ce ne fut plus jamais le cas ensuite ; ils ne pouvaient plus atteindre les résultats des forces alliées dont les capacités réunies étaient autrement supérieures.
Que ce soit dans la production d'armes terrestres les alliés en produisent 85%, dans la production aéronautique, ils en produisent le double (626.000 contre 285.00), dans la production navale (65.000 navires de débarquement). Ces chiffres montrent que le succès des alliés face  à l'Allemagne nazie est  incontournable par leur  supériorité industrielle et technologique, liée à  leur capacité pétrolière (90% de la production mondiale est assurée par les alliés).

source Wikipédia



  • Les opérations militaires sur le front Est ont-elles permis la victoire ?
A l'Ouest, traditionnellement, on attribue la victoire  à la réussite du débarquement allié que l'on commémore avec honneur. L'importance attribuée au débarquement et à ses conséquences est contestée par certains historiens, or il s'avère que ce sont souvent  des personnalités complexes avec des orientations politiques  qui semblent  déterminer  leur pensée. Pour les uns c'est  une forme  d'antiaméricanisme, donc une forte méfiance, voire hostilité à l'égard des États-Unis ; ce pays a toujours, y compris aujourd'hui, développé des attitudes ambiguës autour de l'amour-haine. Pour d'autres, c'est leur proximité avec la Russie ou avec  le Parti communiste qui les amène à minorer le rôle des américains. Dans tous les cas leurs analyses méritent d'être connues même s'il faut les prendre dans leur contexte et avec recul d'autant que parfois on oublie les purges de Staline qui éliminent au  moins les 2/3 des officiers, le pacte germano soviétique de non agression du 23/08/39 qui permet à l'Urss d'annexer Pologne, Pays baltes et Bessarabie, (et probablement aussi de retarder son attaque) le prix écrasant de la victoire avec 3 M de  pertes civiles (famine et pénuries) et de très très lourds sacrifices  de soldats lors des combats avec des pertes effroyables.
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D'ailleurs, aujourd'hui, le peuple russe méconnaît le débarquement, dans un article, le Figaro  cite ces réactions : "Le débarquement en Normandie? Je n'ai jamais entendu parler de ça" ; "C'est l'URSS qui seule a vaincu le fascisme» ;  «Le D-Day, on n'a pas trop de souvenirs de ces événements. J'ai effectivement entendu dire que les Américains nous ont aidé durant cette guerre, mais ça n'a pas dû jouer un grand rôle, car au final c'est l'URSS qui a gagné». 
«Pour les Russes, seules la bataille de Stalingrad et la prise de Berlin ont compté. Toute notre historiographie, notre production littéraire et cinématographique est basée sur ces deux événements. Très peu d'historiens russes travaillent sur le débarquement et, le cas échéant, leurs travaux restent confidentiels», rappelle Boris Belinkin, historien de l'association Mémorial, spécialisée dans l'instruction des crimes du stalinisme.

Il faut donc contextualiser le débarquement  et  le mesurer  aux autres batailles pour en évaluer le poids réel, mais la liste des batailles et divers opérations militaires est très longue ! voir sur le portail ou la liste des batailles sur  Wikipédia. Ici, la comparaison se fera essentiellement  face à l'autre front, côté soviétique et, essentiellement autour du mythique tournant que représenterait "Stalingrad".  Il faut d'entrée préciser  que les données chiffrées  sont très variables selon leurs sources et qu'elles posent un réel problème pour une analyse objective.


Pour certains, plus que le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord (8 novembre 1942) ou que la conquête américaine de l’île de Guadalcanal (8 février 1943), la victoire soviétique de Stalingrad (2 février 1943) est bien le « tournant » de la guerre. La victoire militaire est aussi politique.

    • Bref rappel des évènements
Hitler déclenche, le 22 juin 1941,  l''opération Barbarossa qui est la plus grande invasion de l’histoire militaire en termes d’effectifs engagés et de pertes : près de 4 M de soldats de l’Axe (153 divisions) pénètrent en Union soviétique sur quatre fronts. D'abord des victoires comme à Smolensk  puis lors de la bataille de Kiev.  En septembre 1941 débute la (méconnue)  bataille de Moscou qui  est pourtant un vaste engagement militaire avec la présence de 1 million de soldats  de chaque côté et des pertes  difficiles à évaluer (300.000 à 750.000 pour les allemands, et,  0,5 M  à 1,3M côté russe dont beaucoup de prisonniers). Les forces allemandes  aux portes de Moscou  doivent reculer pour la première fois de la guerre, l'URSS ne s'est pas effondrée.
Au printemps 1942, l'armée allemande lance une nouvelle attaque en Ukraine, en direction de Stalingrad (au nom symbolique)  porte d'entrée vers  la mer Caspienne et son pétrole. Les Allemands entrent dans Stalingrad en septembre 1942. Mais ils butent contre la résistance acharnée  des soldats soviétiques dans une ville en ruines. Le 19 novembre 1942, le maréchal Joukov lance la contre-offensive, les forces soviétiques enserrent les forces allemandes. Du 31 janvier au 2 février 1943, malgré l’interdiction d’Hitler, la VIe armée allemande capitule après deux mois et demi d’encerclement, pilonnée nuit et jour, épuisée par la faim, le froid, la neige. Des 330 000 encerclés ne survivent qu'environ  100.000 prisonniers. Les forces de l’Axe ont perdu au total  600 000 hommes à Stalingrad, le quart des forces du front oriental. Les mois de janvier et février sont les plus sanglants avec  260.000 morts allemands.

Le mythe de l’invincibilité allemande est détruit, l'Armée rouge forge la légende d'un communisme libérateur : c'est le tournant de la deuxième guerre mondiale (?).  Un tournant à relativiser car c'est la seule opération russe sur les 4 prévues de l"hiver qui a réussi, les autres sont abandonnées ou ont échoué. De plus, au printemps 1943 les allemands continuent de violentes contre-attaques  avec des percées qui réussissent et font de lourdes pertes. Ainsi, côté allemand, le désastre de Stalingrad demeure mesuré et les russes ne tombent pas dans le triomphalisme avec ces déboires.
Mais le véritable tournant sera la bataille de Koursk dans l'été 1943. Trois armées allemandes  et des blindés regroupant 900 000 hommes se lancent à l’assaut d armées blindées soviétiques épaulées par 1, 4M d’hommes, sur un front long de 270 km.
La Wehrmacht avec le meilleur de ses forces disponibles se heurte à une défense soviétique solide, impossible à à percer et subit de lourdes pertes. L'Armée rouge, malgré ses pertes beaucoup plus importantes (trois fois plus), dispose de réserves stratégiques et lance des contre-offensives qui rejettent la Wehrmacht.   L'issue de cet affrontement gigantesque fut, par la suite, exagérée par la propagande soviétique et minorée par la propagande nazie. Mais après cette bataille, fin août 1943, il apparaît que l'Allemagne a probablement déjà perdu la Seconde Guerre mondiale, en effet la Wehrmacht ne parviendra plus jamais à reprendre l'offensive sur le front de l'Est. Elle subit dès lors une poussée continue, parsemée de défaites , qui va conduire à la libération du territoire soviétique de l’occupation nazie, à la traversée de la Pologne par l'Armée rouge et enfin à la conquête de Berlin.

    • Une  mobilisation sans précédent
La bataille de Stalingrad a nécessité une mobilisation humaine sans précédent : dans les usines pour produire de l'armement ainsi l'URSS produit déjà deux fois plus de chars et quatre fois plus de canons que l’Allemagne ; dans l'armée on mobilise de nouvelles recrues. C’est toute la population urbaine et rurale, qui est mobilisée, on  fait appel massivement aux femmes, aux vieux et aux détenus.
Staline exalte la « guerre sacrée » et invite tout le peuple soviétique au sacrifice commun car c'est une guerre juste de défense de la patrie et de libération de la terre, c'est aussi  une guerre du droit contre le « fascisme », pour la démocratie et le socialisme, qui glisse vers  le patriotisme  russe, tous « frères et sœurs ». Jamais le peuple soviétique n’a été aussi uni derrière son chef ...

Les conséquences  de Stalingrad sont importantes: désormais l’espoir a changé de camp. Le 21 février, le roi George VI d’Angleterre déclare que « la ferme résistance de Stalingrad a changé le cours des événements ». Le président Roosevelt salue ses « valeureux défenseurs » dont « la victoire glorieuse a représenté un tournant dans la guerre des nations alliées contre les forces de l’oppression »
Staline qui  s’est attribué tous les mérites de Joukov en profite pour obtenir le plus d’aide matérielle possible car l’URSS continuera longtemps à supporter l’essentiel du poids de la guerre contre l’Allemagne nazie. 

    • Des pertes colossales 
Le cumul des pertes militaires de l’Union soviétique et de l’Allemagne nazie se monte à 80 % du total de toutes les pertes militaires enregistrées sur le théâtre d’opération européen de 1940 à 1945. C’est sur le front russe que la Wehrmacht a les reins brisés, bien avant le débarquement des Alliés en France.
Après le débarquement de Normandie, c’est encore à l’Est que les Allemands continuent à engager et à perdre la majorité de leurs hommes. La comparaison des pertes subies par la Wehrmacht sur les deux fronts à partir de juin 1944 montre que le front russe occasionne 3 à 4 fois plus de pertes que le front Ouest.

 Les données, très sensibles,  varient selon les sources. A plusieurs reprises, les historiens russes ont évalué les pertes, ainsi en 2001, ils estimaient les pertes du conflit germano-soviétique à 26 M  (environ 16 % de la population de l’Union soviétique de 1940) dont  11 M de soldats (7M de tués directs et 4 millions de prisonniers de guerre décédés entre les mains de la Wehrmacht), et surtout 16 M de civils. Les pertes en vies humaines sont donc colossales et les conditions de vie effroyables pour les civils.
La guerre totale déclenchée contre l’URSS constitue,  dans la mémoire collective des Allemands, la   période de guerre  la plus terrible, combattre sur le front russe est une hantise, d'ailleurs ce front
représente 80 % des pertes subies par la Wehrmacht.

S'il faut évaluer une victoire au prix des pertes militaires et civiles, c'est bien la contribution militaire de l'URSS qui impressionne par son ampleur.


    • Espace conquis et durée des combats
Evolution des lignes de front du théâtre européen de la seconde guerre mondiale,
 de l'invasion allemande de la Pologne à la capitulation de l'Allemagne.

Les historiens soviétiques constatent simplement que l'URSS s'est battue seule, sur l'immense front est, pendant trois ans contre 70% de l'armée de terre allemande et 60 % de son aviation avec des victoires d 'importance comme la contre offensive de Moscou, Stalingrad, Koursk, toutes trois des "tournants de la guerre".
Depuis Koursk (été 1943) les armées soviétiques attaquent sans interruption les forces nazies, sur un front continu d'environ 2.000 km, de la Baltique à la mer Egée, qui fera reculer la Wehrmacht continuellement jusqu'à Berlin puis l'Oder.

Également, le front ouvert en juin 1944 en France a eu, militairement, environ 11 mois d’existence contre 47 mois pour le front russe ouvert en juin 1941. Les opérations militaires, en France, se localisent essentiellement en Normandie (un rayon de 150 km autour des plages débarquement)
Pour atteindre Berlin, les russes ont parcouru environ 1600 km (sur un front très large  de plus de  1500 km), alors que les alliés parcourent  1200 km  sur un front réduit.
En janvier 1945, les russes rentrent en Allemagne, les américains le feront  le 7 mars. Le 13 avril Vienne est conquis et  le 16 l'assaut est donné à Berlin par les troupes russes.

S'il faut évaluer une victoire à l'espace conquis,  l'URSS a effectivement  d'une part un temps d'avance sur le terrain, et d'autre  part, une espace conquis plus vaste, mais sur mer (Océan Atlantique, Méditerranée, Océan Indien) et dans les airs, les alliés sont les maîtres depuis longtemps !
Un bilan objectif est donc impossible car comparaisons et inéquations sont irrésolubles.









Conclusion
Si l'on globalise la deuxième guerre mondiale, le débarquement  est effectivement un évènement fondamental  (vu du côté occidental) toutefois le poids de cette  "bataille" n'est peut-être pas plus important que d'autres, tout dépend de ce que l'on veut  montrer et démontrer, faut-il encore être certain qu'établir des comparaisons donne un sens à l'histoire. Compter les morts de la guerre, mesurer des espaces conquis et des fronts militaires, établir des comparaisons...Tout cela donne-t-il une estimation juste et objective des situations ? Il faut avant tout analyser et contextualiser l'ensemble.
Sur le front européen (en excluant le Pacifique et l'Afrique) les affrontements de la seconde guerre mondiale  relèvent essentiellement d'une guerre entre allemands et russes, la part de l'affrontement entre anglo-américains  et allemands  présente une proportion moindre (temporelle: courte, tardive et spatiale : réduit).
Front Est et front Ouest sont différents, d'un côté en 1945, 214 divisions allemandes affrontent 360 divisions russes, de l'autre 75  puis 60 divisions allemandes affrontent 90 divisions alliées (source). Les pertes de  1945 le montrent. Les opérations en fin 1944 et surtout en 1945  relèvent avant tout d’une volonté de "conquêtes territoriales" liées au futur partage politique de l’Europe.

Le débarquement allié de juin 1944 a un fort impact  militaire sur la victoire finale et résulte d'un formidable espoir qui se confirme en hâtant la fin de la guerre,  mais en raison de son déroulement un peu trop tardif,   il se situe dans un contexte spécifique car déjà l’issue militaire est acquise, les nazis sont d'abord vaincus par l'URSS, une dictature communiste.  On oublie trop souvent que le soir du 6 juin, journée  commémorée, rien n'était acquis pour les alliés et que les vraies difficultés  allaient bientôt  survenir, essentiellement avec la bataille de Normandie  dont les pertes seront particulièrement  lourdes pour les militaires et les civils. Pourtant c'est bien le 6 juin qui est retenu dans la postérité : le débarquement  est un évènement symbolique,  trop fort, trop attendu, trop exceptionnel pour être occulté même  s'il n'est qu'un point de départ pour une victoire à venir.
Avec le débarquement en Normandie, les américains ont donné le coup de grâce à l'Allemagne hitlérienne, mais ce sont bien les Soviétiques qui ont brisé les reins de la Wehrmacht. Dans tous les cas, l'Allemagne était vaincue, tôt ou tard : les chiffres, les cartes le montrent.
C'est sur ce point que certains dévaluent l'impact du débarquement allié, mais ils  oublient trop vite l'essentiel,  la conséquence première de ce débarquement.
Il apporte avant tout en Europe de l'Ouest, la démocratie et la liberté, avec des orientations politiques et économiques claires basées sur des valeurs reconnues et appréciées. On sait aujourd'hui, qu'il valait mieux être libéré par les américains que par les russes.

Comme dans tout conflit, les partenaires se disputent la paternité de la victoire.  Mais si chaque camp se déclare vainqueur, à qui la population attribue-t-elle la victoire?


Pour rappel, dans un article récent , le Figaro  cite ces réactions de citoyens russes :
"Le débarquement en Normandie? Je n'ai jamais entendu parler de ça"
 "C'est l'URSS qui seule a vaincu le fascisme»
  «Le D-Day, on n'a pas trop de souvenirs de ces événements. J'ai effectivement entendu dire que les Américains nous ont aidé durant cette guerre, mais ça n'a pas dû jouer un grand rôle, car au final c'est l'URSS qui a gagné».
Il semble inutile de poser la question aux américains, même s'il ne semblent pas très forts en géographie, ils diront tous, sans exception, que ce sont eux qui ont gagné la deuxième guerre mondiale partout : en Europe et dans le Pacifique.

Si l'on affine ces résultats, on s'aperçoit qu'en France, la guerre froide avec la diabolisation de l'URSS puis  l'amélioration des relations franco-américaines ont beaucoup fait évoluer le ressenti des français, pourtant l'histoire n'a pas changé entre  1945 et aujourd'hui !


Que répond Wikipédia  à la question : Quels sont les vainqueurs de la seconde  guerre mondiale


Plus que des Etats, les gagnants immédiats de la la seconde guerre mondiale, sont en réalité, davantage des idées et concepts, d'un côté la mise en place d'Etats communistes où les libertés ont disparu, de l'autre la mise en place de démocraties libérales soutenues par les USA visant avant tout une certaine forme de prospérité au détriment des plus faibles, comme le "Tiers Monde" en forte croissance mais appauvri qui réussira à arracher son indépendance.


Compléments
Qui a gagné
http://www.informaction.info/
https://www.les-crises.fr/6-juin-1944/

Le rôle de l'URSS
-blogjparrignon.net
-http://www.lefigaro.fr/international

De très nombreux sites  web développent leurs théories, ils ne sont pas cités car il s'agit souvent d'articles polémistes virulents avec parfois des articles ou auteurs relevant de diverses théories du complot. Les sources et références y  sont limitées. Dans tous les cas, ils se retrouvent facilement (plus que les articles des historiens !)