La pointe du hoc : un assaut meurtrier inutile ?

La pointe du Hoc se compose d'une falaise de 25 à 30 mètres de haut précédée d'une aiguille qui s'avance dans la mer. Située entre les plages d'Utah Beach et d' Omaha Beach, la pointe avait été fortifiée par les Allemands (WN 751) et, selon les reconnaissances aériennes alliées, était équipée de pièces d'artillerie lourde dont la portée menaçait les deux plages voisines. Il avait été jugé primordial, pour la réussite du débarquement, que les pièces d'artillerie soient mises hors service le plus rapidement possible. Cette mission fut confiée au 2e bataillon de Rangers américain


Jean Quellien interroge : « La grande question, c’est pourquoi les Américains ont donné l’assaut ». 
Les Allemands avaient positionné 6 canons à la Pointe du Hoc, un éperon rocheux qui s’avance dans la mer, situé sur le territoire de Cricqueville-en-Bessin. Comme l'un des canons a été détruit par l’aviation le 15 avril, les cinq autres ont été reculés à l’intérieur des terres. « Ce déménagement nocturne ne passe pas inaperçu. La résistance locale est alertée par les habitants d’une ferme », indique Jean Quellien. L’information parvient à Guillaume Mercader, responsable du réseau de résistance Centurie pour le Bessin qui estime que l’information est capitale. Elle est transmise aux alliés dés le 26 avril 1944.  
Toutefois, ils décident de maintenir l’opération qui doit être conduite par le major C.A Lytle. Celui-ci prend vite conscience du danger inutile que représente cet assaut. A bord du HMS Ben M My Chree, il boit un peu trop et déclare que la mission est "inutile et suicidaire". Emmené à l'infirmerie, il montre un croquis qui montre que les canons ont été déplacés à l'intérieur des terres. Informé de cet incident le colonel Rudder quitte l'USS Ancon pour se rendre à bord afin d'éviter que cette information ne s'ébruite. Une bagarre se serait déroulée entre Lytle, les officiers, le personnel médical ; le captain Block, médecin est mis par Ko par Lytle qui sera maîtrisé. Il sera démis de ses fonctions puisqu'incapable de diriger de manière convaincante une attaque en laquelle il ne croit pas, et fut transféré à la 90° DI où il reçut la "Distinguished Service Cross". Rudder décide de mener la mission malgré le general Huebner qui veut l'en dissuader.

La prise de la pointe du Hoc
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L'attaque a été minutieusement préparée avec une unité de rangers qui  va vivre son baptême du feu en Normandie. Le lieutenant George Kerchner raconte : « On nous disait que rien n’était impossible. Notre entraînement était d’une rare intensité. Mais au fond, on savait pourquoi on se préparait à cela.». Il s'agit d'exercices  de reconnaissance, de  manœuvres d’appontage aux grappins. Les hommes du colonel Rudder embarquent dans la nuit du 5 au 6 juin pour un débarquement militaire sans précédent.

Les combats

Il est 4h30 du matin lorsque les hommes de Rudder prennent place dans leurs 10 LCA. Ils doivent arriver sur place vers 6h30 pour lancer deux attaques simultanées sur les côtés de la Pointe du Hoc. Mais les barges dérivent et les rangers arrivent  avec  quarante minutes de retard sur le flanc Est. Ils  tombent sous le feu nourri des mitrailleuses allemandes. James Eikner: « Quel cauchemar ! Je me rappelle très bien des impacts de balles contre notre chaland. On s’est dit : ”Bon sang les Allemands ne plaisantent pas”. Ils nous allumaient comme à la fête foraine. On écopait, on vomissait et on évitait les balles, tout ça en même temps. Un véritable carnage.».

 Malgré la forte résistance allemande, les américains lancent leurs grappins mais sur les 20 grappins tirés, seuls huit s’accrochent au sommet ce qui permet de gravir la falaise. Les pertes sont lourdes :  80 en une heure mais  les rangers progressent. Lorsque les bunkers  tombent, les rangers constatent avec stupeur,vers  7H30,  que les canons sont en réalité des madriers camouflés en batteries. «Les Allemands n’auraient pas passé autant de temps à dépenser de l’argent à construire des leurres s’ils n’avaient pas eu l’intention de se servir de leur artillerie lourde.» 
Vers 9h00, la pointe du Hoc est sous contrôle américain. Comme aucune fusée éclairante n'ayant été tirée à 7 h, les renforts prévus furent déployés sur Omaha Beach !. Pendant deux jours, Rudder et ses hommes vont faire face aux premier et quatrième bataillons de la 352e division d’artillerie allemande, dans des combats d’une extrême violence.



La découverte !

Poursuivant leur mission à l’intérieur des terres, vers 9 H les rangers trouvent enfin les cinq canons allemands de 155mm, le long d'une haie,  dans un verger isolé, situé sur la route de Grandcamp-Maisy qu'ils sabotent.

Canon caché dans une haie



Les Rangers  rapidement encerclés par les allemands résistent du mieux possible.  Affaiblies, à court de munitions et de vivres, subissant de lourdes pertes, les troupes du colonel Rudder réussissent à contacter l’USS Texas, qui dans l’après-midi du 7 juin envoie les renforts tant attendus depuis quarante-huit heures. Au matin du 8 juin, tout est neutralisé et la mission est remplie pour les rangers de Rudder qui réussissent leur jonction avec le troisième bataillon du 116e régiment d’infanterie de la 29ème division en provenance d’Omaha. 


L'assaut de la pointe du Hoc par les rangers fut meurtrier, ce qui semble inévitable par la configuration du site à attaquer. Le 7 Juin, sur 225 rangers débarqués, les pertes sont de 135 hommes.


Conclusion:
L''utilité de cette opération est donc bien remise en cause d'autant que 
-les canons étaient déplacés ce qui est parfaitement connu des américains
-les bombardements aériens du 15 avril 1944, du 4 juin (100T de bombes) du 5 juin par 35 B-17 (100T de bombes) et du 6 juin (bombardement naval préliminaire à 5 h 50, tiré par les USS Texas, USS Satterlee et HMS Talybont, suivi par une vague de 19 B-26 Marauder de la 9e Air Force) avaient détruit l'essentiel du matériel et des défenses. Le paysage actuel du site en témoigne !

Malheureusement, aujourd'hui, on pratique le mensonge par omission en évitant de parler de cet aspect peu glorieux de la fameuse "Pointe du Hoc" qui a eu comme conséquence, de trop lourdes pertes, pour une action réellement "inutile et suicidaire".